• J'ai faim et j'ai mal aux yeux.

    Par ailleurs, j'ai cinq jours exactement, et en comptant aujourd'hui, pour : construire une maquette de jardin, rédiger un mémoire de dix pages tapuscrites en "Histoire et Art", mener quelques productions plastiques conséquentes (et pour cela faire le point par rapport à mon travail plastique), faire un devoir de lettres, lire Illuminations de Rimbaud, lire Rimbaud le fils de Pierre Michon.

    Bon, j'exagère : tous ces devoirs ne sont pas à faire pour lundi pile. Le mémoire d'Histoire, par exemple, est pour vendredi. N'empêche, sachant que je n'ai rien commencé, ça la fout mal.

    Mais j'ai faim et j'ai mal aux yeux.

    Et là, il y a une question qui se pose : dois-je m'arrêter là, où prolonger les lignes, perdre un peu plus de temps avant que le déjeuner ne soit prêt ? 

    Un milk-shake dans la forêt. Il rencontre un soda. L'un s'exclame : "check mon frère !", alors ils se font un check, Le soda demande : "ça va ?", et le milk-shake répond : "bien, et toi ?", et le soda répond : "ça va, ça va..."

    Ils reprennent tous deux leur chemin et il ne se passe rien d'inhabituel. Ils passent une journée comme toute les autres.  Du coup, je ne vous raconterai pas d'histoire : il n'y en a pas, ils n'ont aucun problème. 

     

     Bon. Ben j'ai faim, et j'ai mal aux yeux. (et le déjeuner est prêt, alors c'est cool...)


    votre commentaire
  • Parfois, il s'agit surtout de partir en free-style. C'est très important, dans la vie, de partir en free-style.

    Jveux dire...

    Non, jveux rien dire.

    Mais... Parfois, dans la vie, il s'agit d'essayer de... de partir loin, de décoller. Des trucs comme ça. Pas forcément prendre du LSD ou des champis, mais décoller.

    Jveux partir en free-style. Inventer une banane qui parle et qui dit : "non non s'il vous plaît, ne me mangez pas, jveux pas mourir". Et la banane croise un mec bizarre qui se la fout dans le cul. Oui, car il est con. Car il finit à l'hôpital où l'on retire la banane du cul du monsieur. Et on jette la banane dans une poubelle. Mais au moins elle n'a pas été mangée. Seulement, la banane est considérablement traumatisée. Alors elle se fait un petit séjour dans un châlet dans les Pyrénées où elle se repose un peu, et puis elle fait du ski. Mais à un moment donné, il y a une avalanche. La banane ne meurt pas, mais elle gèle. En fait, elle se cryogénise. Je crois que ça n'existe pas comme mot. En tout cas, elle ne dégèle qu'en 2046.

    En 2046. J'aurais cinquante-cinq, cinquante-six ans, en 2046. Si jsuis encore en vie. Comment sera le monde, en 2046 ? Au fond, je crois que je ne veux pas le savoir. 

     Où atterrit la banane ? Que découvre-t-elle ?

    Au fond, je m'en fous.

    Il y a un moment où il ne faut pas chercher à réfléchir, à se poser des questions. Où il ne faut pas chercher à parler de soi, de ses préoccupations. Il s'agit seulement de décoller, de partir en free-style, faire le saut le plus haut possible.

     

    J'ai envie d'écrire que ma peau est jaune et que demain elle sera rouge mais qu'après-demain elle sera bleue. Que chaque nuit, j'ai une mue. Je dois foutre mon ancienne peau à la poubelle. J'ai des énormes entassements de peaux, je songe à m'en faire des manteaux de toutes les couleurs. Ou alors je les accroche sur les murs de ma chambre, pour décorer. En tout cas, ça peut facilement se récupérer.

    En 2046, il y aura un jour où j'aurai la peau rose fuchsia, ce jour-là je découvrirai une banane bleue tremblant de froid. Elle me racontera avoir été foutue dans un cul, elle me racontera que la veille, nous étions en 2008. Presque en 2009.

    2009. Putain, c'est dingue. Mais je ne vais pas me répéter, alors je ne vais pas m'y mettre, me mettre à parler du temps.

    Du temps qu'il fera en 2046. 

     

    Ne pas parler de moi, ne pas parler de ce qui me préoccupe, ne pas chercher le beau, mais écrire en free-style, écrire en mode absurde, juste pour le plaisir de cet absurde, juste pour le plaisir de ne parler de rien, de rien du tout, pour le plaisir de l'écriture gratuite qui se fiche bien de ce qui pourrait être important (ou au fond trop insignifiant). 

     

     

     


    3 commentaires
  • "Ce n'est pas un problème".

    Il y a des garçons, il y a des filles. Il y a des garçons qui désirent et aiment des filles, il y a des filles qui aiment et désirent des garçons. Il y a des garçons qui désirent des garçons, les aiment. Il y a des filles qui aiment des filles, et qui les désirent.

    Il y a des garçons qui désirent autant filles que garçons. Il y a des filles qui désirent autant garçons que filles.

    Désir, désir et amour. Désir de partenaire. Désir de partenaire. Partenaire.

    Partenaire, amoureux, "mec", "copine", "petite copine", compagnon, compagne...

    Désir de se caser, désir de se mettre à deux. Besoin de se mettre à deux.

    Être une seule personne à jamais, mais partager son temps, partager son corps. N'être qu'un mais l'être avec quelqu'un d'autre.

    Besoin d'un corps extérieur qui serait presque ton propre corps. Et qui reste celui d'un autre. Toucher un corps, qui n'est pas ton corps.

    Être important pour quelqu'un. Être essentiel à quelqu'un. Être amoureux.

    Être amoureux.

    Tendresse des corps, mais tendresse aussi des esprits. Tendresse de deux personnes distinctes qui se tiennent par la main, qui se rassemblent, qui se disent qu'être tout le temps tout seul au bout d'un moment c'est chiant.

     

    Être à deux afin de ne pas être seul. Être à deux et compter pour quelqu'un avec qui l'on partage une intimité physique. Sur quelques milliards d'individus, sentir son importance, et offrir son corps et son affection à celui ou celle qui nous rend important.

    Être à deux et offrir son corps. Offrir son temps. Offrir son amour.

     

    Être seul. Être seul. Être seul et voir des gens à deux. À deux. Et voir des gens qui ne sont plus à deux. Et voir des gens qui vont être à deux.

    Et être seul.

    Observer autour de soi et rester aveugle. Regarder et ne pas voir.

    Ne pas vouloir être seul et vouloir être à deux jusqu'à en devenir mendiant, jusqu'à en faire pitié, jusqu'à recevoir l'amour de n'importe qui.

    Vouloir être seul. Mais vouloir aussi être à deux. Vouloir être à deux tout en restant seul.

    Vouloir acquérir des yeux. Vouloir acquérir une bouche. Vouloir accueillir des sens, pour rechercher ceux qui ne veulent pas rester seuls.

    Ne rien rechercher du tout. Rester aveugle, ne pas être en situation de DEMANDER, ne pas être en situation de formuler sa solitude, ne pas être en situation de réclamer de ne plus être seul.

    Vouloir être à deux mais conclure que ce n'est pas grave d'être seul, que ce n'est pas grave du tout, simplement parce que l'on voudrait se faire à l'idée que l'on n'a pas d'yeux pour voir, pas de bouche pour l'ouvrir, pas de sens pour chercher, pas d'audace pour oser chercher, pas le caractère pour assumer que l'on cherche. La peur d'être un mendiant, la peur de s'exposer. La peur de chercher seulement pour chercher.

    Ne pas chercher car chercher serait une recherche pour ne plus être seul, quand l'on voudrait non pas chercher mais trouver, trouver cette personne, cette personne exactement, cette personne avec qui l'on veut être.

    Vouloir une personne avec qui l'on voudra être à deux, refuser de devoir chercher, ce qui reviendrait à la manche et à l'idée que telle personne serait aussi bien que telle autre pour que l'on soit à deux.

    Ou accepter l'idée que ça pourrait "relativement" être n'importe qui, mais ne pas vouloir aller chercher ce presque n'importe qui.

    Ne pas accepter l'idée de s'exposer, de demander à quelqu'un quand on pourrait demander à un autre quelqu'un, seulement on ne peut pas demander à personne...


    Alors, refuser ça. Refuser ça, ne pas chercher, attendre de TROUVER. Ne pas trouver. Savoir qu'on ne trouvera pas. Que la personne que l'on "trouvera" devra d'abord être cherchée car cachée. Cachée car pas apprivoisée. Mais comment apprivoiser quelqu'un que l'on n'a pas encore "trouvé" ?

    Mais "ce n'est pas grave".

     

     

    "Ce n'est pas un problème".

     

     (ou du moins, c'est le mien)


     


    5 commentaires
  • La télévision est à la fois mon amie et mon ennemie.

    La télé m'est une source précieuse pour voir des films qu'il me faut ou que je veux voir. Notamment Arte.

    Arte. Il y a une  époque, Arte diffusait ses films en version originale.

    Maintenant, il paraît qu'elle est en version variable. Qu'on peut choisir. Si on a la TNT.

    Je n'ai pas la TNT. Je vois les films d'Arte en version française.

    Je ne sais pas quelle relation vous entretenez avec les films étrangers en version française, mais, pour moi, c'est un peu comme...  Comme un article du capitaine ananas sur l'île des patates, mais rempli de fautes de frappes.

    Non, ce n'est même pas ça. C'est plutôt... Comme manger un plat de spaghettis mais SANS bolognaise, SANS gruyère râpé.

    Ou bien, disons que c'est comme... En fait, je vais arrêter ces "comme"; un film, un BON film, en version française, pour moi, c'est ça : de la merde.

    En fait, j'extrêmise pour bien faire comprendre, mais j'exagère beaucoup. Un bon film étranger, en français, ne devient pas de la merde, mais disons qu'il est... AH ! JE SAIS ! C'est comme un super bon légume, sauf qu'il est GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉ ! Voilà, pour moi, un film en anglais, c'est exactement ça !!C'est un putain d'O.G.M à la con, ce qui, bien sûr, gâche tout le plaisir !

    Bon. J'ai encore mieux. Imaginez-vous vôtre plat préféré. Un dessert. Quelque-chose de sucré, et que vous aimez profondément. Mangez-en un petit peu, dans votre tête, là. C'est bon, n'est-ce pas ? Vous aimez beaucoup ça ? C'est savoureux, ça vous fait plaisir ?

    Eh bien, maintenant, ajoutez-y un bonne grosse pincée de sel, et vous comprendrez de quoi je veux vous parler.

    Je ne sais pas, moi, prenons une glace au chocolat : vous mangeriez une glace au chocolat, AVEC DU SEL ?!

    Eh bien moi, oui.

    C'est un dilemme laborieux. De temps en temps, j'ai le choix entre une glace au chocolat salée, ou pas de glace du tout. Une glace pas salée n'est pas possible. C'est EXACTEMENT le dilemme que je ressens, vous savez. C'est exactement ça.

    Par exemple, en décembre, ils repasseront certains l'aiment chaud sur Arte. Je l'ai déjà vu, une fois, en dvd. Mais je prendrais beaucoup de plaisir à le voir une seconde fois. Seulement, l'idée de le voir en français, ça me... ça m'énerve, ça me révolte, ça me dégoûte.

    En fait, c'est simple : l'idée que la version française soit la norme télévisuelle est quelque-chose qui me choque profondément. C'est comme si on disait que Satan était une entité vraiment très bien qu'il nous faut prier chaque jour. Ben, jsuis désolé, mais je ne suis pas sataniste. Seulement, la télé, elle, elle l'est (la salope !...).

    Récemment, sur Arte, j'ai vu Chéri, je me sens rajeunir.  Un film de Howard Hawks, avec Cary Grant. Le problème, c'est que j'avais déjà vu l'Impossible monsieur Bébé, du même réalisateur, et toujours avec Cary Grant. Et ce film-là, je l'avais vu au cinéma, EN VERSION ORIGINALE. Et je peux vous dire que Cary Grant était véritablement savoureux, dans ce film. Que ce soit au niveau du corps, ou au niveau de la voix. Seulement, dans Chéri, je me sens rajeunir, j'entendais Carry Grant en français. Et je ne pouvais m'empêcher de me rappeler de sa manière d'être dans l'impossible monsieur bébé, de sa manière de parler... Et là, là, je n'y avais pas accès. Je n'avais, quelquepart, que la moitié de Carry Grant. C'est assez frustrant, une moitié de Carry Grant.

    Seulement, je ne vous mentirai pas : malgré la frustration, j'ai pris mon pied à voir ce film extraordinaire. V.O ou pas V.O, mince, j'ai pris mon pied !

    Et c'est à la fois une chose formidable, et le PIRE DU PIRE. Formidable en effet : le doublage, bien que n'étant pas la voix-même de Carry Grant, n'était pas horripilant, et j'arrivai à me laisser prendre par le film malgré tout; c'était donc comme arriver à trouver bonne une glace qui serait salée, ce qui, après tout, est formidable !

    Pourtant, c'est également le pire du pire. Je ne supporte pas l'idée que je puisse réussir à m'adapter, à accepter, à faire CE compromis, et, oui, À M'Y FAIRE. J'ai l'impression de vendre mon âme au diable. À Satan, vu ce que je dis plus haut.

    Car, oui, l'idée, c'est ça : SE FAIRE À L'IDÉE DE VÉNÉRER SOI-MÊME SATAN. ACCEPTER de prier pour Satan !

    Lorsque je me dis que, après tout, je vais PEUT-ÊTRE accepter de revoir Certains l'aiment chaud en français, j'accepte de vénérer Satan.

    J'ai mieux : Je suis un gars amoureux des animaux, à fond pour leur défense et tout. Mais, il se révèle que tous les manteaux du monde sont en fourrure (véritable). Et comme j'ai vraiment besoin d'un manteau, mais qu'il n'y a que ça, je finis par accepter de m'acheter un manteau de fourrure, même : je m'y fais, et je suis content de la chaleur que cela me donne. Fourrure ou pas fourrure. Et en même temps, penser que j'arrive à m'y faire, que j'arrive à apprécier mon manteau BIEN QU'EN FOURRURE, et ce parce que je n'ai PAS LE CHOIX, est une idée terrifiante, effroyable.

    Hé bien, là, c'est exactement pareil.

    En fait, voilà ce qu'est la télévision aujourd'hui, cinématographiquement (et sans compter les canalsat et & que je n'ai pas) :

    une fontaine d'eau, une belle fontaine d'eau, CONTAMINÉE.

    Je me rends malade à me dire que je bois une eau contaminée... et je me rends malade à m'y habituer.

    Accepter la norme, et s'y faire...  Une norme qui est INJUSTE.
     

     

    Quelle horreur !...

     

     


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires