• Réflexion sur l'observation physique de son ego alors que je devrais bosser

    Je suis en train d'écouter L'inconnu du placard de Noze, une chanson que j'ai voulu diffuser ici, mais qui se termine très bizarrement à une minute... Il vaut mieux l'écouter sur deezer.

    J'aime énormément l'atmosphère de cette chanson. Il y a un côté totalement bizarre et tordu que j'aime énormément. Un côté fou, barré.

    J'aime ça, j'aime cette idée. J'aime le théâtre exactement pour ça : pour pouvoir être fou. (cette année, le théâtre ma manque, je n'aurais jamais dû arrêter). J'aime me lâcher la bride, lâcher mon corps, oui, lâcher mon corps. Jouer du théâtre, c'est porter un masque et faire ce que l'on veut.

    J'en ai déjà parlé sur ce blog,me semble-t-il, mais j'aime énormément l'idée du masque. L'idée de cacher l'identité pour mieux pouvoir se lâcher. Car une identité limite. Être comme ça, c'est ne pas être comme ça.

    J'aime être fou. J'aime me mettre en transe, faire peur. J'aime écouter l'inconnu du placard qui me rappelle cet état. J'aime porter un masque, ne pas me soucier des incidences qu'auront mes actes sur ce que les gens percevront de moi.

    Aujourd'hui, quelqu'un a pris de moi un portrait assez beau. Je ne sais pas si je la présenterai ici un jour, mais je suis personnellement assez impressionné par la qualité de cette photographie.

    En ce moment, comme j'utilise mon image dans mon travail plastique (et notamment dans mes photographies), je me retrouve à pas mal réfléchir sur la relation que j'ai avec. Dans le fond, il me semble que je ne suis pas foncièrement narcissique, dans le sens où mon visage en lui-même n'est pas du tout ce qui m'intéresse quand je fais des autoportraits. Mis à part les jeux de lumière qui peuvent attirer mon attention sur mon visage, je suis aussi fasciné par le côté "porte de l'âme mais qui ne reste que chair" du visage. Je suis aussi fasciné par ma face quand je m'en approche vraiment de très très près. Entrer en relation avec ma propre image de façon plus intime qu'avec l'image de n'importe qui d'autre. J'ai pris comme ça une série de photos devant la glace qui me font assez étrange. On dirait une illustration de la solitude la plus triste qui soit. Une sorte de "je m'aime car personne ne m'aime". Ce n'est pas la vérité, c'est ce que me fait ressentir la série de photos que j'ai prises.

    Malgré tout ça, je dois bien dire que je n'utiliserai peut-être pas mon propre visage comme objet premier si je ne supportais pas ma tête. Car il est vrai que j'apprécie mon visage. Et que des fois, cela ne me dérange pas d'être particulièrement pris en photos. Ces derniers jours, une élève de ma classe m'a particulièrement mitraillé. Ça ne m'a pas particulièrement embarrassé : au contraire, j'en jouais. Je crois que c'est elle, d'ailleurs, qui a pris cet excellent portrait, tout à l'heure. Donc voilà, je n'ai aucun embarras vis-à-vis de mon visage.

    Au fond, je crois que je pourrai être acteur que ça m'irait très bien. Je trouve ça effroyable à dire, mais je crois que ça correspondrait, d'une certaine manière, à ma personnalité. Et pourtant, ce genre de choses doit être une véritable folie. C'est malsain. Devenir célèbre, je trouve ça malsain.

    Et, en même temps, pas tant que ça. Disons que, si je devais avoir des affiches avec ma gueule partout dans Paris, il y aurait simplement quelque-chose en moi qui se diviserait en deux. Il y aurait le masque, la surface, et puis l'en-dessous. Les gens célèbres doivent porter des masques. Et c'est le masque qui prend tout. Toute la folie. L'en-dessous reste lui-même, vraiment lui-même.

    L'acteur porte un masque pour mieux pouvoir exprimer des émotions profondes et intimes. Dehors, il porte encore un autre masque, cette fois pour se protéger après avoir fait une chose pareille. Pour s'être autant livré, et avoir livré cette image à des milliers de personnes qu' il ne connaîtra jamais. L'acteur est célèbre mais personne ne le connaît : c'est le principe du masque. C'est le masque, qui est célèbre.

    Mon visage est un masque. Mon visage n'est qu'une image en superficie. Mitraillez-moi autant que vous voulez : je trouve que c'est là un joli masque.

    Autre chose qui me semble fascinant : à chaque fois que je vois mon image, je vois quelque-chose auquel je n'ai pas normalement accès. Et je ne me vois jamais véritablement directement. Mon visage contient mes yeux qui ne peuvent voir mon visage. Alors les yeux voient un miroir, qui le leur montre. On me prend en photo, et alors mes yeux voient leur propre image. Quand je vois mon image, j'observe mon existence, le fait que je suis un personne parmi tant d'autres, visible à tout instant par tout le monde sauf moi-même : du moins, je ne peux me voir d'une façon véritablement directe. Je peux m'imaginer comment est-ce que je dois paraître, mais je ne me vois pas comme quelqu'un d'extérieur.

    En conséquence, voir mon image, c'est me percevoir comme un individu extérieur, comme si j'étais quelqu'un d'autre que moi-même. Comme si je me voyais par les yeux d'un autre. Ce qui est toujours faux : dans le miroir, je me perçois comme si j'empruntais les yeux d'une autre personne, tout en sachant que je reste moi-même. Mais tout de même, il y a cette impression de se voir comme l'on verrait n'importe qui. Il y a l'idée d'observer ce qui observe, et qui ne peut, normalement, s'observer soi-même.

    Quand je m'observe, j'observe ce qui observe et vit le reste du monde. Je reviens à "l'origine des événements".

    Je m'observe comme si j'étais une personne étrangère, tout en sachant que ce que je regarde-là, c'est cette "entité" qui voit tout le reste du monde, qui existe, qui pense : moi.

    L'exploration du moi, l'exploration de sa propre existence que nous ne sommes pas faits pour observer (sinon on aurait des yeux comme des escargots qui pourraient se retourner vers leurs propres tête...), me semble assez passionnante.

    Et ainsi, l'acteur, lui, délivre au reste du monde une image qui est la sienne, et a l'occasion de voir lui-même cette image comme celle de quelqu'un d'autre : il se voit comme si il n'était pas lui-même. L'acteur n'arrête pas de voir sa propre image comme s'il n'était pas lui-même, comme un objet tout à fait distant et extérieur, quand bien même, en fait, c'est bel et bien lui-même, bel et bien son "centre du monde" qui lui permet d'exister et d'observer ce qui l'entoure...

     

     Tout ça pour dire que, observer sa propre image, ça a quelque-chose d'assez passionnant et fascinant...

     

     

    (j'ai passé je ne sais combien de temps sur cette note alors que, à vrai dire, il faut que je bosse mon dossier d'histoire que je dois rendre lundi... Je me le dis depuis 19 heures et je n'ai rien fichu pour le moment... Putain, je crains... (et oui : j'ai commencé à écrire cette note parce que je ne voulais pas travailler. Mais maintenant j'ai faim et j'ai envie de me faire à manger, alors j'ai encore moins envie de bosser. mm...))

     

    p-s : je me demande si cet article n'est pas parfois un peu redondant ou soporifique. Bah, quoiqu'il en soit, j'ai apprécié l'écrire. 


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  • Commentaires

    1
    Swan'
    Dimanche 11 Janvier 2009 à 00:29
    On se demande
    presque toujours si on a bien fait d'écrire telle chose ou telle autre, si ça ne fait pas trop, etc. Mais sur un blog, c'est pas important, on n'écrit pas un roman, on propose un texte sans rien demander. Et en l'occurrence, c'est très intéressant, très finement observé (c'est souvent le cas) et la photo est magnifique, elle illustre très bien ce que tu écris. [Encore bon courage pour l'histoire]
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