• La différence entre la vie et les histoires, c'est qu'une vie est faite de répétitions, de spirales. Dans une histoire, tout ce qui ne sert pas l'avancée de l'intrigue, est mis en ellipse.

    Dans mon journal intime, j'écris ce qui m'est arrivé dans la journée, mais ce qui m'est arrivé uniquement dans cette journée.

    Je me raconte une histoire.

    Je ne décris pas ce qui se répète, jour après jour.

    Le matin, je me lève à telle heure, par tel moyen, en allumant la lumière et en allumant la radio, pour ne pas me rendormir. TOUS les matins.

    Pour le petit-déjeuner, je mange des céréales en surfant sur le web, TOUS les matins...

    etc.

    Le soir, quand je rentre à la maison, je me remplis un verre de jus de fruit, me sert deux cookies et deux autres biscuits, je les casse en petits morceaux en les laissant tremper dans le jus de fruit, tout en surfant, à nouveau, sur le web.

    À CHAQUE fois que je rentre chez moi...

    Le soir, quand je me couche, après m'être mis en pyjama, j'ouvre mon journal intime et écris une note. TOUS les soirs.

     

    Je suis englué dans une routine...

    Ça ne m'embarrasse pas, en fait. C'est peut-être une routine, mais ce sont surtout des rituels.

    Un routine, c'est des journées entières de rituels...

    Les événements se répètent, tous les jours, comme midi, qui arrive toujours et depuis toujours...

    Une histoire enlève les répétitions. Une BIOGRAPHIE enlève les répétitions.

    On essaie, constamment, de faire passer l'avancée de l'intrigue avant tout...

    La répétition fait peur. Passer sa vie à reprendre jour après jour exactement les même gestes, c'est effrayant. On voudrait faire de notre vie une histoire, avec une intrigue qui avance.

    Une intrigue qui avance...

    Peut-on être heureux lorsque on est englué dans une routine, ou bien cela devient-il ennuyeux ?

    Ennuyeux, j'ai dit le mot. Une histoire ne prend pas en compte ce qui se répète afin de ne pas plonger le spectateur ou le lecteur dans l'ennui...

    Mais, parce qu'on est le propre acteur de sa vie, on ne remarque pas à quel point ces choses se répétant jour après jour sont ennuyeuses. On les VIT.

    Mais je crois que, parfois, la routine est telle qu'on arrive à prendre de la distance, à se retrouver à la place d'un spectateur virtuel, on ne VIT plus les choses et on réalise l'ennui de la situation...

    Je continue de me demander si on peut être heureux dans une routine si elle est vachement bien. Du genre : oui, je vis jour après jour les même événements, mais que des trucs trop bien !

    Peut-être que ça peut marcher. Qu'on peut être heureux alors. Mais, de toutes façons : tout a un début et tout a une fin.

    Même la ROUTINE a une fin. Mais, comme la vie est faite de ces répétitions, une routine en remplace une autre...

    La vie est une succession de routines.

    D'autre part, il me semble que nous avons tous besoin de mouvement. À tel point que je me demande si on pourrait seulement vouloir rester dans une routine...

    Du genre : oui, cette routine-là, cette vie-là qui se répète jour après jour, elle me va parfaitement, et je voudrai que cela dure ainsi jusqu'à la fin de mes jours !

    Peut-on vraiment vouloir une telle chose ? On peut le vouloir tant qu'on ne se rend pas compte, tant que la routine n'est pas véritablement installée. Mais, quand c'est le cas ?...

    De toutes façons, qu'on le veuille ou non, la vie est non seulement répétition, mais également mouvements et changements. De nos jours, on dit souvent, même, qu'il y a plusieurs vies dans une vie.

    C'est difficile, de garder quoique ce soit INTACT. Tout change, et les bulles éclatent... C'est la vie.

    Nous sommes face à cette situation : les événements se répètent sans arrêt comme les aiguilles d'une horloge, et pourtant, ils finissent par disparaître pour ne pas revenir.

    Je me demande comment je serai, dans une meilleure routine. Je me demande quand même, encore une fois, s'il y a seulement de bonnes routines... Nous désirons tous une vie en mouvement. Un mouvement qui freine et qui s'arrête, ce n'est plus un mouvement. Une objet censé se déplacer, qui ne se déplace pas, ça ne va pas. Garder une vie immobile, ça ne va pas non plus. Vouloir vivre telle vie, telle routine, pour toujours, c'est attendre la mort...

    L'idée, c'est de n'aller ni trop lentement, ni trop vite. Pas trop lentement pour ne pas se figer dans une routine. Pas trop vite, pour profiter malgré tout des instants fugitifs, des événements précieux. Précieux, même s'ils peuvent se répéter.

    Ce que je veux, ce n'est pas une meilleure routine. C'est une situation plus bienheureuse, et qui changerait avant de se transformer en statue de sel. 

    Pourtant, quels que soient les événements ou les routines, certaines choses restent immuables malgré les remous. Sans être des éléments constitutifs d'une routine. Ou plutôt, il arrivent à rester présents malgré les évolutions...

     

    En même temps, la routine existe-t-elle vraiment ?... Même dans les situations les plus statiques, il y a du mouvement. Malgré l'immobilité et la répétition apparente, la "journée-type" n'existe pas... 

    Et l'on pourrait très bien, pour revenir au début, écrire des HISTOIRES à propos de routines... en en coupant la routine ! où l'avancement de l'intrigue est présente, justement grâce à l'inexistence de la journée type...


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  • Être fatigué.

    Avoir beaucoup de travail.

    Mais glander.

    Ne pas consacrer de temps à des activités perso à cause du travail, qui reste à faire à cause de la glande.

    Consacrer du temps à des activités perso AU LIEU de glander ?

    Impossible.

    Glander, c'est de l'ordre de la passivité. Il suffit de se laisser faire.

    Alimenter des activités ou des projets personnels, c'est de l'ordre de l'activité.

    Dans le dernier cas, il faut se bouger le cul : comme pour travailler.

    Se laisser ne pas travailler, GLANDER, c'est facile. Se laisser ne pas travailler, et se dire : "au lieu de glander, je vais tenir mon blog ou réamorcer mon projet de bande dessinée que je n'ai plus touché depuis septembre dernier", c'est carrément impossible : cela serait assumer complètement le fait de ne pas travailler, travailler pour les cours jveux dire.

    Quand tu glandes, tu te dis "jdevrais bosser". Quand tu tiens ton blog ou autre, tu T'ACTIVES, tu te BOUGES LE CUL, pour un motif qui n'est pas le travail scolaire. Seulement tu ne peux pas, car justement, la chose pour laquelle tu devrais te bouger le cul, c'est les cours.

    Quel est le plus facile : tuer quelqu'un, ou laisser un autre tuer quelqu'un ? Physiquement, je crois que c'est la deuxième hypothèse qui est la plus aisée. Ben là c'est pareil. Rester passif et ne pas bosser, c'est beaucoup plus facile que de rester actif tout en ne bossant toujours pas.

    Ah, le TRAVAIL... la planche graphique pour le musée d'Art et d'Histoire de Saint-Denis... bosser ses reproductions de travaux...  réfléchir à ses références, lire Rimbaud le Fils de  Pierre Michon, faire telle dissertation en lettres, corriger ses textes pour l'atelier d'écriture...

    Je sais, je sais : il y a pire.

    Mais merde... Je déteste laisser le temps m'échapper.

    Laisser s'écouler les jours, sans avoir... fait tout ce que je voudrais faire, tout simplement...

    Je ne voudrais pas laisser s'échapper plusieurs années sans avoir écrit autre chose que L'Hydromelade. Sans avoir terminé de corriger ce dernier. Sans m'être entraîné à réaliser quelques bandes dessinées.

    Le temps m'échappe, je n'ai pas le temps de faire tout ce que je voudrais faire...

     

    Je ne voudrais pas atterrir aux Beaux-Arts de Nantes, de Dijon ou de Rennes et rester éloigné de tout ce qui peut s'approcher d'une narration. Notamment une narration du dessin, de la bande dessinée. Je veux narrer par le dessin, je veux essayer, je n'ai encore jamais eu le temps de m'en donner vraiment la peine.

    À Strasbourg, ou à Angoulême, j'aurais déjà plus de chances de m'approcher de ce genre de pratiques...

    Mais voilà, la peur, la peur de ne pas être à la hauteur, d'échouer. Dans la classe, un nombre de personnes énorme, à vouloir tenter Strasbourg... Pour, certainement, un ou deux d'admis. Puis-je faire partie de ce "un ou deux" ? Putain, j'aimerai bien... 

    ...

     

    Pffff.

     

     

    Inch'Allah !

     

     

     


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  • Je suis en train d'écouter L'inconnu du placard de Noze, une chanson que j'ai voulu diffuser ici, mais qui se termine très bizarrement à une minute... Il vaut mieux l'écouter sur deezer.

    J'aime énormément l'atmosphère de cette chanson. Il y a un côté totalement bizarre et tordu que j'aime énormément. Un côté fou, barré.

    J'aime ça, j'aime cette idée. J'aime le théâtre exactement pour ça : pour pouvoir être fou. (cette année, le théâtre ma manque, je n'aurais jamais dû arrêter). J'aime me lâcher la bride, lâcher mon corps, oui, lâcher mon corps. Jouer du théâtre, c'est porter un masque et faire ce que l'on veut.

    J'en ai déjà parlé sur ce blog,me semble-t-il, mais j'aime énormément l'idée du masque. L'idée de cacher l'identité pour mieux pouvoir se lâcher. Car une identité limite. Être comme ça, c'est ne pas être comme ça.

    J'aime être fou. J'aime me mettre en transe, faire peur. J'aime écouter l'inconnu du placard qui me rappelle cet état. J'aime porter un masque, ne pas me soucier des incidences qu'auront mes actes sur ce que les gens percevront de moi.

    Aujourd'hui, quelqu'un a pris de moi un portrait assez beau. Je ne sais pas si je la présenterai ici un jour, mais je suis personnellement assez impressionné par la qualité de cette photographie.

    En ce moment, comme j'utilise mon image dans mon travail plastique (et notamment dans mes photographies), je me retrouve à pas mal réfléchir sur la relation que j'ai avec. Dans le fond, il me semble que je ne suis pas foncièrement narcissique, dans le sens où mon visage en lui-même n'est pas du tout ce qui m'intéresse quand je fais des autoportraits. Mis à part les jeux de lumière qui peuvent attirer mon attention sur mon visage, je suis aussi fasciné par le côté "porte de l'âme mais qui ne reste que chair" du visage. Je suis aussi fasciné par ma face quand je m'en approche vraiment de très très près. Entrer en relation avec ma propre image de façon plus intime qu'avec l'image de n'importe qui d'autre. J'ai pris comme ça une série de photos devant la glace qui me font assez étrange. On dirait une illustration de la solitude la plus triste qui soit. Une sorte de "je m'aime car personne ne m'aime". Ce n'est pas la vérité, c'est ce que me fait ressentir la série de photos que j'ai prises.

    Malgré tout ça, je dois bien dire que je n'utiliserai peut-être pas mon propre visage comme objet premier si je ne supportais pas ma tête. Car il est vrai que j'apprécie mon visage. Et que des fois, cela ne me dérange pas d'être particulièrement pris en photos. Ces derniers jours, une élève de ma classe m'a particulièrement mitraillé. Ça ne m'a pas particulièrement embarrassé : au contraire, j'en jouais. Je crois que c'est elle, d'ailleurs, qui a pris cet excellent portrait, tout à l'heure. Donc voilà, je n'ai aucun embarras vis-à-vis de mon visage.

    Au fond, je crois que je pourrai être acteur que ça m'irait très bien. Je trouve ça effroyable à dire, mais je crois que ça correspondrait, d'une certaine manière, à ma personnalité. Et pourtant, ce genre de choses doit être une véritable folie. C'est malsain. Devenir célèbre, je trouve ça malsain.

    Et, en même temps, pas tant que ça. Disons que, si je devais avoir des affiches avec ma gueule partout dans Paris, il y aurait simplement quelque-chose en moi qui se diviserait en deux. Il y aurait le masque, la surface, et puis l'en-dessous. Les gens célèbres doivent porter des masques. Et c'est le masque qui prend tout. Toute la folie. L'en-dessous reste lui-même, vraiment lui-même.

    L'acteur porte un masque pour mieux pouvoir exprimer des émotions profondes et intimes. Dehors, il porte encore un autre masque, cette fois pour se protéger après avoir fait une chose pareille. Pour s'être autant livré, et avoir livré cette image à des milliers de personnes qu' il ne connaîtra jamais. L'acteur est célèbre mais personne ne le connaît : c'est le principe du masque. C'est le masque, qui est célèbre.

    Mon visage est un masque. Mon visage n'est qu'une image en superficie. Mitraillez-moi autant que vous voulez : je trouve que c'est là un joli masque.

    Autre chose qui me semble fascinant : à chaque fois que je vois mon image, je vois quelque-chose auquel je n'ai pas normalement accès. Et je ne me vois jamais véritablement directement. Mon visage contient mes yeux qui ne peuvent voir mon visage. Alors les yeux voient un miroir, qui le leur montre. On me prend en photo, et alors mes yeux voient leur propre image. Quand je vois mon image, j'observe mon existence, le fait que je suis un personne parmi tant d'autres, visible à tout instant par tout le monde sauf moi-même : du moins, je ne peux me voir d'une façon véritablement directe. Je peux m'imaginer comment est-ce que je dois paraître, mais je ne me vois pas comme quelqu'un d'extérieur.

    En conséquence, voir mon image, c'est me percevoir comme un individu extérieur, comme si j'étais quelqu'un d'autre que moi-même. Comme si je me voyais par les yeux d'un autre. Ce qui est toujours faux : dans le miroir, je me perçois comme si j'empruntais les yeux d'une autre personne, tout en sachant que je reste moi-même. Mais tout de même, il y a cette impression de se voir comme l'on verrait n'importe qui. Il y a l'idée d'observer ce qui observe, et qui ne peut, normalement, s'observer soi-même.

    Quand je m'observe, j'observe ce qui observe et vit le reste du monde. Je reviens à "l'origine des événements".

    Je m'observe comme si j'étais une personne étrangère, tout en sachant que ce que je regarde-là, c'est cette "entité" qui voit tout le reste du monde, qui existe, qui pense : moi.

    L'exploration du moi, l'exploration de sa propre existence que nous ne sommes pas faits pour observer (sinon on aurait des yeux comme des escargots qui pourraient se retourner vers leurs propres tête...), me semble assez passionnante.

    Et ainsi, l'acteur, lui, délivre au reste du monde une image qui est la sienne, et a l'occasion de voir lui-même cette image comme celle de quelqu'un d'autre : il se voit comme si il n'était pas lui-même. L'acteur n'arrête pas de voir sa propre image comme s'il n'était pas lui-même, comme un objet tout à fait distant et extérieur, quand bien même, en fait, c'est bel et bien lui-même, bel et bien son "centre du monde" qui lui permet d'exister et d'observer ce qui l'entoure...

     

     Tout ça pour dire que, observer sa propre image, ça a quelque-chose d'assez passionnant et fascinant...

     

     

    (j'ai passé je ne sais combien de temps sur cette note alors que, à vrai dire, il faut que je bosse mon dossier d'histoire que je dois rendre lundi... Je me le dis depuis 19 heures et je n'ai rien fichu pour le moment... Putain, je crains... (et oui : j'ai commencé à écrire cette note parce que je ne voulais pas travailler. Mais maintenant j'ai faim et j'ai envie de me faire à manger, alors j'ai encore moins envie de bosser. mm...))

     

    p-s : je me demande si cet article n'est pas parfois un peu redondant ou soporifique. Bah, quoiqu'il en soit, j'ai apprécié l'écrire. 


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