• J'ai vraiment un problème. Je ne sais pas pourquoi, j'ai encore plus de difficultés à réviser mon français qu'à réviser mes sciences et mes maths. C'est complètement absurde. Je ne comprends pas pourquoi je bloque autant. Tout ce que je dois faire, c'est relire ces courtes fiches, surligner. Le faire concentré, pour retenir. C'est simple. Pourtant, je ne peux pas. Je me sens extraordinairement incapable de rester plus d'une minute concentré sur ces feuilles. On dirait... Je ne sais pas. C'est comme si réviser m'était aussi difficile que d'aller demander à une fille si elle veut sortir avec moi : Je ne cesse pas de la journée de me dire "fais-le!", et ne cesse pas de l'éviter. Même quand je m'asseois sur cette foutue chaise, contre mon bureau, je regarde autour de moi comme un prisonnier à ses barreaux. Le problème, c'est que ces barreaux, c'est moi les fait, et je peux pas. Un prisonnier sans prison, il reste dans sa cellule? Alors je gribouille un dessin, vite, et j'arrête. Je reste sur ma chaise à ne rien faire, désespéré, des minutes entières. Je m'accorde des pauses, que je rallonge et rallonge. Et, quand je "veux" me remettre à bosser, je deviens vraiment fou. Vraiment, parfois, je me fais peur à moi-même tellement ne pas travailler quand je le dois me rend cinglé. Tout à l'heure, après avoir désespéremment lu une bédé pour éviter encore une fois mes révisions, je suis monté dans ma chambre. Aussi désespéremment, évitant mes devoirs comme je le pouvais, je me suis baissé pour prendre une autre bédé. Et là, j'ai lâché la bédé en me criant littéralement, comme un déchaîné : "RÉVISE PUTAIN!!!".
    C'est tout de même effroyable. Devoir bosser me rend fou, vraiment. Ça peut me donner envie de péter ma chaise, ou de taper ce qui m'entoure. Je dois bosser, je bosse pas, et je perds mon temps à une échelle assez considérable, alors que mon oral n'est pas si éloigné que ça, et que c'est vraiment dommage de gaspiller autant de temps. Et c'est ça le pire. C'est que je m'en rends compte, je vois l'échéance de mon oral, l'importance de mes révisions, le temps perdu, et réalise aussi constamment que je n'évite ces révisions, la véritable importance de celles-ci. C'est ça qui me rend le plus cinglé. Il FAUT VRAIMENT que je bosse, et c'est tout simplement impossible. C'est maladif. C'est maladif et c'est complètement fou. Sous mes airs innocents, je suis fragile et complètement malade. C'est effroyable.

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  • C'est presque un autre monde. La pluie est un monde magique. Elle me renvoie à l'enfance. Elle me renvoie à la forêt, et à son petit peuple. Quand il pleut, l'écorce des arbres est noircie et humide, les escargots apparaissent par dizaine. De fugitifs traits blancs traversent l'air, éclatent au sol, d'un bruit qui me détend. Une odeur toute particulière apparaît. Une odeur humide, forestière, magique. La terre se transforme en boue. J'aime la pluie.

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  • Assis sur le strapontin, le jeune homme dessinait cette petite femme devant lui, malgré les remous du métro. Deux personnes en face l'avaient vu, ils regardaient son carnet l'air curieux, se murmurant leur étonnement. Le dessinateur ne faisait pas attention, il observait maintenant attentivement les plis fabriqués par la veste en cuir, les exécutant sur le petit carnet noir.

    Le train freina, puis s'arrêta. La femme sortit. Flûte. Tant pis. D'autres personnes entraient. TUUUUT. Le train redémarra, de nouveau les remous, tout le monde tanguait dans les méandres du métropolitain, tandis que le jeune dessinateur observait tout autour de lui. Ce grand type qui surpassait tous les autres, pâle, avec ce superbe chapeau noir. Ce serait parfait.

    Il avait effectivement un teint laiteux, mais ses lèvres étaient d'un vermeil étonnament vif. Quant à ses yeux, ils étaient d'un bleu-gris beau et frigorifiant. Son visage était émacié, allonngé, anguleux, et cadré par des cheveux bouffants, longs et noirs, sortant largement de son chapeau, noir aussi; chapeau noir qui s'accordait parfaitement à sa barbichette en i. Il portait une veste noire en velours lui allant jusqu'aux cuisses, ainsi qu'une chemise bleu-marine. Son corps était élancé, très grand et très mince à la fois. Le jeune dessinateur le regardait furtivement, grattait son visage sur son carnet, puis encore... Il avait de la chance, ce superbe modèle restait assez immobile.

    L'homme, accroché à une barre à droite de la porte du wagon, se concentrait sur la vitre en face de lui, jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il était observé. On le dessinait. Cette même personne détourna son regard, mais l'homme au chapeau savait que dès qu'il arrêterait son coup d'oeil, le jeune homme au carnet repartirait à la charge. Il se remit effectivement à regarder la vitre en poussant un bref soupir, mais savoir qu'on le dessinait lui fit bizarre. Dommage qu'il n'oserait jamais demander à cette personne s'il pouvait admirer le résultat. Cela faisait tellement longtemps qu'il ne s'était pas vu dans un miroir... Il avait dû tellement changer, depuis le temps... À quoi pouvait-il bien ressembler, maintenant?

    Le jeune dessinateur ombrait son croquis à coups d'hachures, satisfait. Il avait réussi à croquer le visage de son modèle sans avoir à trop gommer, et assez rapidement, en plus. Il progressait. Il sentait cependant son modèle mal à l'aise, et à la fois, il semblait apprécier être dessiné : Il bougeait en effet le moins possible, c'était voyant!

    Le métro freina. Le grand gringalet au chapeau noir ouvrit furtivement la bouche : Rêveur, il n'avait pas vu la station arriver. C'est à ce moment-là que le dessinateur remarqua deux canines longues et pointues, surpassant toutes les autres dents dans la mâchoire de son modèle! Les portes s'ouvrirent à la seconde même où le dessinateur percuta aussi l'absence de reflet de l'homme au chapeau, dans la vitre glissée maintenant contre la paroi du train. L'homme sortit du wagon d'un bon pas, tandis que le dessinateur laissa tomber son carnet par terre. Fronçant les sourcils, il semblait réfléchir.

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