• Texte mi-vers libres mi-prose sur Le TGV ('tain si j'étais réalisateur de pubs j'adorerai en faire pour la sncf jcrois…)

    La gare comme un énorme rectangle. Les trains comme des pattes. Le tout comme un crabe  immobile.
    Les TGV.
    Les pattes qui s'arrachent du corps.
    Arrivée à Rennes à 20h12.
    La patte qui s'arrache lentement. Le train qui démarre. Qui s'accélère. Le décor vu de la fenêtre. Verdure et vaches.
    Décollage opéré. Fusée lancée. L'espace intersidéral.
    Les gens qui regardent dehors. Les gens qui lisent. Les gens qui travaillent sur leur ordinateur portable.  
    Les mères et leurs bébés. Les couples. Les vieux, les vieilles, les jeunes, les enfants.
    Les lunettes. Les barbes. Les cheveux longs et courts.
    Ceux qui partent, ceux qui reviennent.
    Les gros bagages et  les petits.
    Le décor qui défile et le train qui passe.
    L'adolescente avachie contre la fenêtre, le poing ancré sous sa joue, les yeux vers le ciel, le visage éclairé par le soleil.
    La lectrice sexagénaire, sourcils froncés, yeux baissés sur le livre, elle lèche son index et tourne la page.
    L'enfant qui dessine une princesse au feutre vert sur la feuille blanche donnée par maman.
    Le train qui défile dans le décor. Le décor qui défile dans la fenêtre.
    Arrivée au Mans.
    Ceux qui partent et ceux qui restent.
    La patte de crabe qui s'arrache encore vers un autre ailleurs.
    Les habitués du TGV. Ceux qui ne le prennent jamais.
    Celle qui y va pour le baptême de sa soeur. Le couple qui va passer ses vacances en Bretagne. La petite famille, parents et enfants, qui vont voir les grands-parents. Les grands-parents et petits-enfants qui rentrent chez papa maman. Celui qui va retrouver sa petite amie.
    Combien de passagers?
    Vue aérienne. Un ange qui mate le train comme une vache. Il voit le dessus du TGV. Ralenti. Comme il défile. Les rails qu'on voit avancer, mais le train va plus vite. D'au-dessus, c'est une grande roue dont on ne voit qu'un rectangle tourner.
    Changement de plan. Plan d'intérieur. Vue aérienne sur les passagers plantés-là. Les rangées de deux qui défilent. Le couple, puis les lecteurs, puis suivent ceux qui écoutent de la musique. Puis le carré au milieu du wagon, avec la petite famille.
    Arrivée en gare de Rennes dans quelques minutes. Les gens qui lèvent la tête pour écouter l'information. Le vieillard qui appuie le doigt sur son sonotone.
    Une patte de crabe arrachée qui repasse à l'envers : l'enfant la rentre dans le corps orange.
    Le train qui ralentit. La fusée qui va débarquer sur la Lune.  
    Opération délicate. Freinage. Freinage. À l'intérieur, les gens debout et en file, bagages à la main.
    Les valises à roulettes qui s'additionnent.
    Le train qui s'arrête. Se colle dans la gare. La patte de crabe remise.
     
    Le crabe immobile. Ses pattes qui s'arrachent et voyagent à la manière de serpents rectilignes. Une plage. Des dizaines de crabes sans pattes. Des centaines de pattes de crabes dans tous les sens, comme des serpents rectilignes, allant d'un crabe à un autre.
     
    Les gens qui attendent pour sortir. La file qui s'écoule. Les chaussures descendant le marche-pied.
    Les gens sur le quai. Les gens dans le train et ceux du quai, qui se retrouvent et s'embrassent. Tout le monde repart doucement.
    La patte de crabe s'évide. C'est le terminus.

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