• Rien ne se perd, rien ne se gagne, tout se transforme

    J'ai construit la toile tout seul. J'ai fait le châssis, j'ai accroché la toile. J'ai fait des équerres trop fines pour le châssis, qui se sont cassées. Ç'a été compliqué.

    Alors, quand la toile est prête, on ne veut pas la gâcher. On n'ose pas trop jeter le premier coup de pinceau.

     Mais on finit par le faire.

     Dans des couleurs entre rouge et jaune, on s'amuse à produire une multitude de nez, une multitude d'yeux. On croire voir un visage à travers un kaléidoscope, ou sur les reflets de bouts de miroir brisés.

    C'est ma première couche de peinture... 

    Le lendemain. On repart à l'attaque. Est-ce vraiment nécessaire de continuer ? N'est-ce pas fini ? Non... Je continue. Je mets de nouvelles couleurs.

    Je fais un nouveau nez, de nouveaux yeux. Des cheveux, de la barbe. Mais je ne peins plus de la même manière. Avec mon gros pinceau, j'étends vraiment la couleur sur la toile. J'oublie de diluer, ou plutôt, je ne veux pas vraiment. Ce qui fait qu'UN nez recouvre tous les autres nez, ou presque. D'autres yeux recouvrent les précédents. Des couleurs figurant des lumières sur la peau, recouvrent, encore, les traces précédentes, rouge, orange, jaune...

    Cela fait un portrait un peu tordu, mais beaucoup moins explosé; on continue tout de même de retrouver certaines traces de la veille sur la toile. Je tiens à cette multitude d'yeux, de nez. Mais chaque nouveau-nez recouvre le précédent. Chaque coup de pinceau, recouvre les autres touches épaisses.

     Chaque nouvelle couche de peinture recouvre la précédente couche de peinture.

    Tout ce qui apparaît, fait disparaître.

    Je joue alors beaucoup. Je suis comme un sculpteur : mes coups de pinceaux sont des coups de burins transformant autant que je veux la matière. Mon autoportrait fragmenté devient unifié sans que je le veuille vraiment, mais, surtout, il se transforme à chaque touche.

    J'ai eu le malheur de ne pas photographier toutes les cinq minutes, c'est bien dommage.

    Lundi matin, puisque ce sera sec, j'en profiterai quand même pour rajouter des nez et tout en jouant avec la transparence, juste avant de présenter mon travail.

    Ce que j'ai fait n'est pas ce que je voulais au départ, mais ça me plaît beaucoup. En fait, ça me plaît beaucoup de passer enfin tout-à-fait à la peinture. 

    Si j'avais su, j'aurais essayé de commencer ce travail plus tôt, histoire de travailler petit bout par petit bout. Une fois sèches, les couches ne se seraient pas effacées sous les suivantes.


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 26 Octobre 2008 à 14:26
    =)
    Merci pour ton long commentaire et pour ta lecture attentive. A propos de l'article où tu te racontes, on a bien le droit de tricher un peu quand on le fait, sinon on n'est plus écrivain =). Facebook est d'une affligeante nullité mais c'est marrant et parfois ça permet de rencontrer/retrouver de gens imprévus. Je n'avais pas lu cet article sur la peinture quand j'ai commenté celui où tu parlais de tes difficultés, d'où mes réflexions un peu "en retard" (je lis toujours les blogs selon une logique très obscure ce qui fait que je zappe plein de textes très biens et que j'en relis certains 3 fois...). En tout cas c'est vraiment bien si tu commences à trouver ta place dans ton apprentissage et dans ta classe. Pour l'adaptation cinéma de Kundera, ça sera avec grand plaisir, j'en ai entendu parler mais jamais pu le voir. Attention, je ne t'oblige à rien, c'est vrai que c'est un peu étrange comme situation, de rencontrer quelqu'un qu'on a l'impression de connaître sans l'avoir jamais vu. Ceci dit je l'ai déjà fait et ça s'est très bien passé. Bonne fin de week-end =) [Mes études se passent très bien mais j'ai énormément de travail en ce moment et pas de vacances].°
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