• Les rides autour du visage. Autrefois, des rides d'expression. Ils se sont gravés lentement sur ton visage. Ils montrent combien tu as souri. Autour de ta bouche, ils forment comme des rayons concentriques, des pliures, comme si ta peau souriait toujours. Autour de tes yeux, plein, plein de creux, de longs creux qui font comme des racines, comme si tes yeux étaient leurs arbres, leurs troncs. Ces racines, longues et larges, semblent rejoindre les pliures de ta peau autour de ta bouche, et c'est tout ton visage qui paraît rayonner. Cependant, entre tes deux yeux, au-dessus de ton nez, inaugurant ton front, il y a ce trait, ce simple en petit trait vertical; il montre que tes sourcils froncés ont gravé leur expression, avec les années, comme un tatouage sur ta peau.

    Tous tes sourires sont là sur ce visage. Tous tes rancoeurs et tes difficultés sur ton front. Tu commences à vieillir.

    Un jour je commencerai à vieillir. Et je crois que je ne prendrai pas mes rides pour un appauvrissement. Simplement, ils feront peut-être de mon visage un livre ouvert.


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  • 22h50, je vais me coucher bientôt. Je suis devant l'ordi, une tasse d'eau chaude avec du miel et du citron devant moi. J'écoute La Grande Sophie, Martin, et je suis encore et comme d'habitude fasciné par cette atmosphère mystique, lascive, enivrante de ce tard le soir devant l'ordi. Ma journée, tout en ayant été longue, s'est révélé très courte, au goutte à goutte, instant après instant, si bien que sept heures et demie du matin c'est seulement un peu plus tôt, il suffirait de rembobiner. Ma soeur vient de descendre, et ma mère vient d'arriver, si bien que plus rien n'est pareil. Mais la solitude et l'avant-coucher restent pour moi une expérience psychiquement quasi-mystique, où mes pensées vagabondent un peu loin, mais un peu trop pour que je les mémorise vraiment. Hum. Tant pis. Je crois que je me disais comme d'habitude que tout était dérisoire, tout ça, que J'ÉTAIS dérisoire, et des trucs dans ce lot-là... Je me croyais inspiré, en tout cas, et puis c'est passé.

     


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  • J'ai trop la dalle.

     La dalle. 

     J'ai envie d'écrire sur la dalle.

     J'ai envie d'essayer un truc sur les dalles d'amour.

     Les dalleux d'amour.

     L'autre jour, ma grand-mère m'a dit qu'elle était "mendiante d'amour", et j'ai trouvé la formule si particulière que je l'ai noté. Mendiant d'amour. Qui n'est pas mendiant d'amour ?

    "All you need is Love", les Beatles l'ont dit.

     Il y a les dalleux qui n'aiment personne.

     Les dalleux qui n'aiment pas mais veulent être aimés.

     Il y a les donateurs, les charitables faisant oeuvre de bienfaisance, qui distribuent leur amour à la pelle. Mais qui ne voient rien en retour. Et puis il y a ceux qui voient le retour. Qui voient les sourires d'amour.

     Il y a les dalleux d'amour qui attendent le mets rare. 

     Il y a les dalleux qui font comme s'ils n'avaient pas faim. Parfois, leurs gargouillis les démentent.

     Il y a les dalleux qui n'ont pas le temps d'en être : ils mangent, mangent, passent d'un plat à un autre.

     Il y a les dalleux qui tournent autour du plat.

     Il y a les dom Juan qui tournent autour de leur proie comme des charognards.

    Mais la métaphore est mal faite. L'appétit d'amour ne se tourne pas vers un plat, mais vers un serveur. Nous sommes des serveurs d'amour. Nous nous servons d'amour les uns des autres. On se fait s'aimer. On est des bisounours. Parfois.

    On se donne la becquée à table, l'un à l'autre. L'amour.

     On se sert parfois de l'amitié. On se sert de la fraternité, de la complicité, de l'affection. Parfois, on se contente de pudeur et de platonisme. Parfois aussi, on hésite. À lui donner à manger. Est-ce que je veux lui témoigner mon affection ? Est-ce que cela ne va pas la gêner ? La main serrée autour de la cuillère, on hésite à soulever l'ustensile vers sa bouche.

    Parfois, on hésite sur ce que l'on va se donner. On se donne des câlins et de l'amitié, mais on peut avoir envie de se donner autre chose. Parfois, on aborde des plats épicés qui s'approchent de la limite.

    Il n'y a pas forcément de retour. On donne parfois à manger à un autre dans l'espoir qu'il finisse par en faire de même avec nous : après tout, on crève la dalle, et cette personne-là ne doit pouvoir que bien cuisiner...

    Et puis il y a les systèmes sans retour : A donne à manger à B, qui donne à manger à C, etc.

    Alors, parfois, on se donne un petit peu de jalousie.

    Parfois, on attend d'attirer l'attention du serveur pour qu'il nous donne en premier la becquée.

     Parfois, on aimerait donner une becquée sincère et authentique à l'autre : faute d'être sûr de ce que l'on va donner, on ne donne rien du tout.

     Des fois, on ne sait pas trop comment s'y prendre pour donner à bouffer à quelqu'un. On reste bloqué et affamé. Parfois, on affame.

     Parfois, plusieurs assiettes nous sont tendues. Nous-même ne savons pas toujours à qui donner notre comestible chair.

    Donner à manger. Se donner à manger. Se donner à quelqu'un à manger. Consommer l'amour. Se nourrir d'amour. Se donner par amour. Se donner à manger par amour.  

     Les yeux dans les yeux, on mange un spaghetti qui font frôler nos deux bouches. On s'aime.

     


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  • Je suis pris à

     

     

    Fontenay-sous-bois

     

     

    !!!

     

     

     

     

    (et exceptionnellement, ça se passe de toute illustration)


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