• Vie gratuite (réflexion-autoportrait du lundi 15 novembre au soir)

    Je relis mon article précédent, et mes propres considérations sur la "vie gratuite" ou non me font réfléchir.

    J'écris dans l'article précédent que je ne veux pas avoir une vie gratuite.

    Ce qui est intéressant, avec le fait de rapporter ces réflexions par écrit, c'est de figer un aspect de soi à un moment donné. Une réflexion, c'est presque un autoportrait de soi à un moment donné.

    L'autre jour je jetais un oeil sur une sorte de carnet poétique / journal intime que je tenais au collège. J'y écris beaucoup de choses qui relèvent vraiment du passé.

    Ce qui est génial avec le fait de vivre longtemps, c'est le fait d'évoluer, et d'avoir une réflexion qui évolue. La vie est souvent un roman initiatique pour chacun. Si ce n'est pas le cas, c'est dommage.

    "Cheminer" : cheminer, c'est accomplir un chemin. Accomplir un chemin, c'est partir d'un point A pour allez jusqu'à un point Z. C'est se déplacer. C'est bien, la notion de déplacement.

    Cheminer, c'est ne pas rester figé, campé dans ses positions : c'est aller dans une certaines direction, subir des revers, avoir des doutes, garder le cap, ou parfois changer d'avis.

    Cheminer, en tout cas, c'est marcher vers une certaine destination.

    Je crois que nous cheminons tous pour atteindre le bonheur. Il y a beaucoup de gens aussi qui cherchent un accomplissement ultime qui leur est impossible à atteindre : s'ils l'atteignaient, vivre ne serait plus très intéressant, puisque l'intérêt, c'est la recherche. C'est un peu bateau à dire, mais le plus intéressant, c'est souvent davantage le chemin plutôt que la destination.

    Donc on cherche.

    Bref. Les réflexions que j'ai eues au début de ce blog, par exemple, ne sont plus celles que j'ai aujourd'hui. Les réflexions passées sont des "instantanés" de ce que j'étais intérieurement à un certain moment. 

    Entre-temps, j'ai cheminé. Et je continue de cheminer. Et j'espère continuer de cheminer encore très longtemps.

    Dans ma note précédente, donc, je parlais de "vie gratuite" :  de mon souhait de ne pas tenir une vie gratuite.

    Il me semble en me relisant que ce n'est pas la bonne manière de poser les choses. Après tout, quelle vie n'est pas gratuite ? Peut-être peut-on retourner la question, et demander : "quelle vie est gratuite ?".

    Je ne sais pas.

    Il faut accepter les choses telles qu'elles sont. Il faut profiter de ce qui nous est offert. 

    Après tout, si on y réfléchit bien, quel est l'intérêt de laisser des traces ? Il y a-t-il un véritable intérêt à rechercher l'immortalité à travers la postérité ?

    Peut-être pas.

    Peut-être au contraire vaut-il mieux accepter la disparition. Rester humble, et simple.

    Tout bien réfléchi, je ne veux pas faire des bandes dessinées pour montrer que je ne suis pas sur Terre pour rien : non, je veux faire des bandes dessinées parce que je cherche à me faire éprouver du plaisir, et à partager ce qui m'intéresse. Je veux faire des bandes dessinées pour jouer et pour continuer à cheminer.

    Car, ce qui est bien, c'est de se passionner. Et on ne se passionne pas pour quelque-chose par orgueil : au contraire, on se passionne pour quelque-chose parce que ce centre d'intérêt nous parait avoir plus de sens, justement, que notre propre existence. Mais, de cette manière-là, notre vie prend justement plus de sens. C'est ça qui est beau.

    Les gens qui atteignent une certaine postérité, en général, n'ont pas pour objectif de l'atteindre : ils vivent simplement subordonnés à ce qui les passionne. A ce qui leur fait éprouver le plus de plaisir.

    Il y a une phrase assez célèbre, dite par un certain Robert Fillioux : "l'Art, c'est ce qui rend la vie plus intéressante que l'Art". 

    Cette phrase est à méditer. 

    Se passionner pour la vie, en cheminant, sans chercher absolument à vivre une vie qui ne soit pas gratuite. C'est peut-être une bonne idée.

     

     

    (en illustration, une photographie du travail de ma grand-mère prise par ma soeur Gwenaëlle)


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  • Commentaires

    1
    Samedi 20 Novembre 2010 à 22:04
    Mourir vivant…
    Eh oui… Dédramatiser. Lâcher les "il faut", les "je dois", se détendre et vivre au présent ! Cheminer tranquillement et savourer l'instant. « Carpe Diem » disaient les latins.
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