• Ce soir, je suis tout seul.

    Je suis rentré à Strasbourg et mes colocs sont absents. Chez ma mère, il y a mes soeurs, il y a du monde. Mais ce soir je suis tout seul à Strasbourg.

    Je crois qu'il n'y a rien de plus effrayant que la solitude dans la ville.

    La solitude dans la nature, c'est différent. A court terme, ça peut être carrément vachement bien. Cet été, j'ai découvert une émission géniale, "Faut pas rêver", c'était sur le grand ouest canadien. C'était génial. C'est dingue, de pouvoir voyager comme ça à travers une simple petite télé. Mais ça ne remplace pas le vrai voyage. Ça reste une simple télé… Du coup, ça fait carrément rêver !…

    Il y a des voyages qui doivent tellement valoir le coup. Et d'autres pas. Cet été, j'ai lu Pyong Yang de Guy Delisle, et du même auteur, j'ai commencé Chroniques birmanes. Et, au cinéma, j'ai vu Benda Bilili. Que ce soit en positif ou négatif, ces documents font voyager.

    Mais ils ne remplacent pas vraiment pour autant de vrais voyages. Pourtant, certains voyages sont sûrement moins intéressants que certanes lectures de bons carnets de voyages…

    Ce que ces documents m'ont montré, c'est la diversité du monde, mais aussi mon statut de privilégié.

    Ce qui me perturbe avec l'idée de rester sédentaire, c'est l'idée de ne pas bouger. La Terre est grande, mais je ne bouge pas.

    Ce n'est pas une situation qui m'embarrasse totalement. Par exemple, quand je vois la maison de mon père, ça me paraitrait plutôt aberrant d'en déménager. C'est une maison géniale, qui a mis du temps à être bâtie, avec un terrain qui a aussi mis du temps à être bâti. Maintenant, cette maison n'est pas n'importe quelle maison, c'est la maison de mon père. Et rester sédentaire dans cette maison, à la campagne, ça me paraît très raisonnable.

    Il y a d'autres exemples. Une cousine à moi, que je connais très peu (je ne connais bien aucune de mes cousines), n'a jamais eu de véritable maison dans sa jeunesse, puisque ses parents possédaient un terrain, mais vivaient dessus avec des campings-cars.

    Alors, aujourd'hui, avec son mari, elle bâtit une maison. C'est sa maison, c'est une belle maison. Avec une fabrique de jus de pomme dedans. Et avec la nature alentour : c'est en rase campagne, et c'est complètement désert. Les paysages là-bas sont magnifiques.

    Donc, ça me parait très raisonnable, d'être sédentaire, dans un cas comme ça.

    De ces exemples se dégagent l'idée d'avoir construit son propre foyer. D'avoir construit son propre environnement direct, et de l'avoir choisi. La Terre est grande, mais j'ai choisi cet endroit-là. Là, ça me paraît bien, puisqu'il s'agit certainement du meilleur endroit du monde, sinon on n'aurait pas choisi d'y vivre.

    Donc, on ne peut pas dire que la vie sédentaire me gêne tellement. Sauf que, la vie sédentaire à la campagne, je trouve que ça dégage quelque-chose de cool. Avoir un pavillon en banlieue parisienne, ça me parait vachement plus ordinaire. Un pavillon en région parisienne, je ne pense pas que ça puisse être le meilleur endroit du monde.

    Mais, il faut bien vivre quelque-part.

    Je m'écarte du thème du voyage. J'aime l'idée de se contruire un "chez soi", lorsqu'on fait ça bien comme il faut, c'est carrément formidable. Mais j'aime bien aussi l'idée de sortir de chez soi.

    L'idée, c'est ça : je suis mortel. Et il faut que je fasse avec. Et ça, c'est le raisonnement qui me pose plus ou moins problème et qui me posera toujours problème, et qui sera toujours plus ou moins le moteur de mes réflexions intérieures… Qu'est-ce que ça fait, que je sois mortel, qu'est-ce que ça amène et comment faire avec ce que ça amène ? Toutes les réflexions qui me traversent le crâne sont reliées à ces questions-là.

    Une des choses que ça amène, c'est que le temps que je passe sur Terre est limité. Or, je trouve ça complètement crétin de… ben, de ne pas chercher à voyager plus que ça. Ce n'est pas tous les jours qu'on a toute une planète à découvrir.

    Accumuler les expériences, ça m'intéresse beaucoup. Pour l'instant, je ne le fais pas trop.

    Il y a quelque-chose qui me fait peur : si, plus tard dans ma vie, je veux raconter des histoires… alors, il faut que j'ai beaucoup, beaucoup de matière. De matériau, disons.

    Or, je n'ai pas tellement de matériau. Il y a tellement de choses dont je serai incapable de parler… Mes connaissances sont minimes. Qu'est-ce que je peux porter en moi d'intéressant, si je ne me nourris pas ? Le voyage est une nourriture. Si je ne parle que de ce que je connais, ça restreint le terrain. Cependant, on étudiera davantage ces question lorsque je ferai l'effort de raconter les histoires que j'ai déjà envie de raconter pour l'instant…

    En tant que sédentaires, on a quand même une chance : c'est que les livres, les films, les documentaires à la télé, la musique, ce sont des choses qui font effectivement voyager. 

    Ce qui est quand même très bien avec les films et les romans, c'est de pouvoir pénétrer les vies de personnages que l'on ne connait pas, c'est de rentrer dans l'univers d'un individu qui nous est extérieur… Ça, c'est une sorte de voyage.

    Le voyage, c'est lorsqu'on sort de ce que l'on connait. Et qu'on y met les pieds !…

    C'est fou, le temps qu'on peut parfois passer dans des histoires… Le nombre de films, de séries télés, que je peux regarder… Les livres que je peux lire. A chaque fois, je voyage un peu… Je sors de ma propre histoire. Quand je lis Donald et Picsou, je voyage dans Carl Barks… Je voyage dans Don Rosa. Et c'est cool ! Je vis, et je visite la vie des autres, réelles ou imaginaires.

    Un voyage, c'est également aller d'un point à un autre. A ce titre, on peut parler de voyage intérieur… Mettons deux individus passant leurs vies ensemble. Ils partagent leur quotidien. Il vivent au même endroit… visitent les même endroits. Mais leur voyage intérieur n'est pas le même. Ils vivent leur vie l'un à côté de l'autre, avec une distance minimale, mais leur esprit se nourrissent différemment, pensent différemment et vont différemment. 

    Ça m'intéresse, de penser qu'entre deux personnes qui vivent à peu près les mêmes choses, leur chemin intérieur peut pourtant s'avérer tout à fait différent, en tout cas, clairement distinct.

    On peut donc dire une chose : le sédentaire voyage. Du moins, il peut voyager.

    Pourtant, cela ne peut pas remplacer le vrai voyage. Voir des aurores boréales à la télé, c'est pas pareil qu'en vrai. Voir les forêts et les lacs d'Alaska à la télé ou au cinéma, c'est pas pareil qu'en vrai… On peut aussi dire que voir la misère ou le totalitarisme, en bande dessinée ou à la télé, c'est pas pareil qu'en vrai… 

    C'est évidemment moins attirant, mais ça peut être intéressant de s'y confronter.

    Je me sens terriblement ignorant, et par rapport à ce "problème" de la mortalité, le fait est là : ça me ferait chier de mourir ignorant.

    Il y a un proverbe africain qui dit : "un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle". Je suis sûr qu'il y a plein de vieux qui font d'excellentes bibliothèques. Mais je suis sûr aussi qu'il y a plein de vieux qui ne sont pas des bibliothèques du tout. Moi, j'aimerai bien faire la bibliothèque quand je serai vieux…

    Il y a plein de gens dont j'entends parler, et où je me dis : "merde, leur vie a trop la classe". Je veux dire : ils sont mortels, mais ce n'est pas grave, parce qu'ils profitent vraiment de la vie qu'ils ont la chance de posséder. Je ne parle pas que des voyageurs terrestres. Je parle aussi de voyageurs de l'érudition… ou d'autres voyageurs encore.

    Je peux me questionner sur ce qui m'entoure, sur ce que je sais, sur ce que je ressens, je peux réfléchir à ce propos, mais par contre, je ne suis pas érudit, et il délicat de se pencher sur ce que l'on ne connait pas.

    Le voyage terrestre permet une certaine forme de connaissance. 

    J'aimerai bien, un peu plus tard, voyager davantage. Et, plus tard, ça me ferait également plaisir d'avoir un "chez-moi" où il me paraitrait raisonnable d'y être sédentaire… J'aimerai bien trouver mon meilleur endroit du monde.

    Je crois que j'ai fini pour aujourd'hui.


    votre commentaire
  • J'ouvre la porte entre le jardin et la cuisine. "CRAC !". J'allume la lumière. Un escargot juste sur le pas de la porte… La carapace brisée. Je me baisse, les mains contre mon visage, j'observe la mort avec culpabilité. La mort ? Peut-être va-t-il s'en remettre. Ou peut-être est-ce une torture de rester en vie… Un liquide sort de son corps. Il se ratatine. Je l'observe assez longtemps.

    Ce n'est pas agréable, de briser une vie. Je ne suis pas là pour ça. 

    Je suis contre la peine de mort, mais par ailleurs je crois que l'existence, ça se mérite. On est quand même pas mal de milliards sur Terre, alors si nous sommes là, ce n'est pas pour polluer et tuer…

    Est-ce que je suis là comme "une poussière de boulet" vis-à-vis de la planète, ou pour m'épanouir, ou quoi ?

    Bien sûr qu'il faut s'épanouir, mais c'est bien aussi de ne pas être un boulet en plus qui tue et pollue.

    Peut-être que c'est pour ça que j'évite de trop tuer d'insectes, et que j'ai des réticences à passer mon permis de conduire.

    Primo : ça ne va pas me servir avant au moins cinq ans. Minimum.

    Secondo : je suis solidaire des chinois. 

    Je m'explique : les chinois sont incroyablement nombreux. Leur mode de vie est tel que peu possèdent des voitures. Si leur niveau de vie s'améliorait au point que tout à chacun en Chine, aurait autant de voitures que dans les pays du Nord, ce serait une horreur écologique !…

    Alors, puisqu'il faut que les chinois n'aient pas autant de voitures que les français, je veux être solidaire. Au nom de tous les chinois qui ruineraient la planète en en ayant une, je ne souhaite pas en avoir de sitôt.

     

    Ce soir j'ai brisé la carapace d'un escargot. C'était un accident. Par ailleurs, je me demande comment il a fait pour passer là où il est mort, alors que la porte était fermée. Mais je suis tout de même assez désolé.

     

    (je viens de retourner le voir. S'il n'est pas mort, il n'en en tout cas plus pour longtemps…)


    votre commentaire
  • Je suis en train d'écouter la playlist de mon blog. J'en suis à "Some kind of Nature" de Gorillaz, avec la participation de Lou Reed, que j'aime beaucoup.

    Je viens de voir sur facebook les photos du séjour Telligo superstar de cet été. J'ai retrouvé beaucoup de visages de l'an dernier…

    J'ai passé un très bon moment, durant ce séjour, et ça m'a fait drôle de découvrir ces photos.

    Heureusement pour ma pomme, j'ai passé de nombreux bons moments, dans ma vie.

    J'ai passé un bon moment dans cette colo, en tant qu'animateur, et c'est pourquoi ç'a m'a fait drôle de voir ces photos de cette nouvelle "édition" superstar… Je garde de très bons souvenirs de l'été dernier. 

    J'ai aussi passé un excellent moment à ma prépa, au lycée Picasso…

    J'ai passé un très bon moment cette année-là, en rencontrant à Paris trois personnes différentes grâce au monde magique d'internet.

    J'ai passé un très bon moment en filière littéraire au lycée. 

    J'ai passé certains bons moments au collège…

    J'ai passé un excellent moment, cetta année, aux arts-décos.

     

    Tous ces excellents moments, s'additionnent comme les grains d'un sablier… Lorsque je pense à eux, je sens le temps qui passe.

    Les souvenirs se fixent alors que la vie n'est que passage et mouvement. A ce titre, la nostalgie est inévitable.

    Mais, pour l'instant, ma vie est assez belle.

    J'ai véritablement passé un bon moment, cette année… Maintenant que ce sont les grandes vacances, que je suis chez mon père, j'ai la distance nécessaire pour mesurer tout ce qui m'est arrivé depuis septembre dernier… La colocation, l'école, les amis, les médiathèques… Hannah, bien sûr !… Vraiment, cette année 2009-2010 aura été pour moi exceptionnellement importante et bienfaitrice…

    Cela ne m'empêche pas d'avoir parfois peur de la mort, ou de me questionner sur différentes choses… Mais le fait est là :

    je suis épanoui.

     

    J'aime beaucoup de choses, et par ailleurs, je suis attaché à certaines valeurs.

    Je suis ainsi très attaché à la Curiosité, au Plaisir, et bien sûr à l'Amour.

    J'aime beaucoup de choses.

    J'aime énormément les histoires. J'aime énormément la musique.

    Les musiques que j'écoute sont comme des histoires : elles me transportent là où je n'étais pas.

    J'aime les bandes dessinées, les romans, les films… Pas tous, évidemment. J'aime Calvin et Hobbes.

    J'aime la neige. J'aime les paysages. J'aime le silence. J'aime Paris. J'aime Strasbourg.

    J'aime beaucoup de gens. J'aime beaucoup les gens que j'ai rencontrés à Strasbourg. J'aime beaucoup les gens que j'ai côtoyés à la prépa et qui me laissent un souvenir marquant et chaleureux. J'aime beaucoup certains profs rencontrés au lycée ou au collège. J'aime beaucoup certaines amies que je ne revois pas si souvent. J'aime certains enfants de la colo Superstar. J'aime Hannah. J'aime ma famille. J'aime mes colocataires !

    J'aime beaucoup de gens. J'aime aimer des gens. C'est ces contacts avec ces gens qui rendent  ma vie intéressante, et ce sont eux qui me permettent d'éprouver du plaisir et de la nostalgie lorsque je me remémore certains temps déjà passés…

    Ce que je peux ne pas aimer chez certaines personnes, c'est celles qui ont perdu leur âme d'enfant. Ces gens-là me font peur. Heureusement, je n'en connais presque pas, mais je suis sûr que ça existe.

    Antoine de Saint-Exupéry et James Matthew Barrie partagent ce point commun : ils n'aiment pas le monde des adultes. 

    Lorsqu'on lui montre un serpent ayant avalé un éléphant, un adulte ne voit qu'un chapeau !…

    Peter Pan n'aime pas ces gens-là, sans imagination…

    J'ai revu Hook il y a quelques temps, et j'ai beaucoup aimé, j'ai été très ému. J'ai également découvert Toy Story 3 très récemment. Le point commun entre ces deux films, c'est qu'ils parlent de ces enfants qui ne peuvent pas s'empêcher de grandir…

    Pour ma part, oui, j'ai grandi… Mais je n'ai pas mis mes anciens jouets à la poubelle. Et je ne deviendrai jamais, jamais au grand jamais, un Peter Morning tel que dans Hook…

    Peter Pan a peur de grandir… Il a tort… Grandir peut être la plus belle des aventures !… Même s'il faut vieillir, tomber malade et mourir…

    Ce qu'il faut, c'est devenir adulte tout en restant proche de l'enfant que l'on a été. J'ai la foi que cela est possible. Mon entourage semble très bien y parvenir. 

     

     


    2 commentaires
  • Il y a deux choses ce soir que je voudrais aborder :

    l'enfance, et la chair.

    Tout à l'heure, il faudra que je mange. J'ai une courgette qu'il faut que je prépare.

    Par ailleurs ce serait bien si je commençais à ranger l'appartement dès ce soir.

    Car après, je n'aurais plus que demain, à partir de seize heures, pour :

    - passer rendre des documents à la médiathèque,

    - nettoyer l'appart, ce qui contient le rangement, la vaisselle, le linge de mes colocs à remettre en place, le frigidaire à vider…

    - faire ma valise.

    Ma formation BAFA continue à bien se passer et à être vraiment très intéressante. Aujourd'hui j'ai organisé un grand jeu (plus précisément un CLUEDO géant) en collaboration avec d'autres, et je suis assez fier du travail accompli.

    La perspective de m'occuper d'enfants de moins de neuf ans dont il faudra s'occuper beaucoup plus que des adolescents qui sont peut-être un peu plus autonomes vis-à-vis des animateurs, surtout en temps libre, m'effraie un peu, mais j'aime jouer et j'aime être pédagogue. Cela me ferait plaisir de faire mes preuves. L'univers de l'enfance est vraiment intéressant.

    Deux formateurs en couple ont un très beau bébé, comme je l'ai déjà dit dans une note précédente. Dans une bonne vingtaine d'années, ce bébé sera barbu, grand, j'espère mature, responsable. Il sera intelligent et intéressé. Pour l'instant, c'est un petit bébé sage qui découvre le monde.

    C'est étrange, de se dire que nous en sommes passés par là. Qu'un vieillard a pu être un petit bébé.

    Mais il ne s'agit pas seulement de la croissance d'un corps humain. Il s'agit également de l'évolution d'un individu.

    Un jour, j'ai été bébé. Un jour, j'ai eu cinq ans, huit ans, dix ans… Un jour j'en ai eu treize, quatorze, dix-sept… J'en suis à vingt.

    J'ai été un enfant. J'étais déjà Florian Duchesne. Ce qui me paraît intéressant, ce n'est pas de souligner que j'ai été un enfant, mais de souligner que cet enfant était déjà Florian Duchesne. On ne se résume pas à un âge mais bien à ce que l'on est.

    Ce qui me paraît intéressant, c'est de me demander : en quoi étais-je déjà Florian Duchesne à cet âge ? En quoi était-ce déjà moi ? Qu'est-ce qui fait qu'il ne s'agit pas simplement de l'évolution physiologique d'une personne, mais également de l'évolution dans le parcours d'un individu.

    Mes parents, mes soeurs, se souviennent certainement encore très bien de celui que j'étais plus petit.

    Ce qui est fascinant, c'est que je m'approche moi-même de ce petit comme s'il s'agissait d'un inconnu, d'un autre.

    De quoi est-ce que je me souviens de cette personne, de cet enfant ?

    Je me souviens que j'étais déjà un enfant calme, tranquille. Je me souviens que l'on me disait souvent que j'étais "sage comme une image".

    Je me souviens que, si l'on me faisait des gros yeux, à cause d'un comportement avec lequel un individu adulte était en désaccord, cela suffisait à m'intimider énormément, à me faire peur et à me donner envie de pleurer.

    Je me souviens que les gens me souriaient beaucoup dans la rue et je pensais qu'ils étaient tous très hypocrites, qu'ils faisaient tous exprès de sourire aux enfants quand bien même ils n'avaient pas de quoi sourire. Aujourd'hui, j'ai changé d'avis : je me suis rendu compte que certains enfants sont vraiment mignons, et qu'ils nous donnent envie de leur sourire de manière sincère.

    Je me souviens que j'étais courageux et joueur car, lorsque je jouais à chat à la cour de récré, je n'hésitais pas à m'éloigner de la maison, contrairement à d'autre peureux qui s'en éloignaient le moins possible.

    Je me souviens que j'étais un enfant ouvert : j'ai accepté d'être ami avec d'autres enfants comme Philippe et Stéphane, alors que je me suis rendu compte plus tard (trop tard…) qu'ils n'avaient pas des caractères faciles, ils n'étaient d'ailleurs pas très populaires.

    Je me souviens que j'adorais jouer. Petit, je pouvais passer ma vie entière à jouer, c'était ma seule passion. Avec l'imaginaire.

    Car, petit, je m'inventais des personnages dans ma tête. Mes pensées étaient représentées par des personnages. Il y avait le moi qui se mêlait à ces personnages en en devenant lui-même un, ma bonne conscience représentée en Timon (oui, du roi Lion) en costume d'ange, et ma mauvaise en petit diable rouge avec un nez énormissime et aquilin, qui lui parcourait toute la tête (GROSSE, la tête). Je me souviens du parieur qui apparaissait dès que je pensais : "on parie ?", et je me souviens de l'espèce de robot assez lent qui jouait au basket-ball.

    Enfin, il y avait une espèce de "super-moi" qui apparaissait à l'occasion lorsque mon personnage-moi commençait à s'écarter de mes opinions réelles.

    Je me souviens de la garderie. J'ADORAIS la garderie. J'étais l'enfant qui y restait le plus tard, toujours, alors que je ne faisais pas mes devoirs avant. J'habitais juste à côté de l'école, et lorsque maman, certains jours, ne pouvait pas venir me chercher, Guy, l'animateur, tenait à me raccompagner jusqu'à mon portail même si c'était à deux pas.

    Je me souviens aussi que, toujours à la garderie, au football, je me mettais avec Guy dans l'équipe des filles, plutôt à la défense, car jouer dans l'équipe la moins efficace donnait de l'importance à ma participation. Et puis j'aimais me mettre du côté des faibles. Du coup à l'époque j'aimais bien jouer au foot.

    J'aimais beaucoup Guy.

    Je me souviens être devenu adolescent. J'ai senti mon corps changer et les sentiments qui étaient en moi évoluer. Ma voix a mué. J'ai eu du poil au menton et du duvet et mon coeur était fort troublé par mes sentiments amoureux. J'ai alors commencé à écrire ce qui se présentait comme de la poésie.

    Aujourd'hui, je ne suis plus un enfant, plus vraiment adolescent. A la formation BAFA, il y a des jeunes de dix-sept ans qui sont clairement encore dans l'adolescence, voire dans l'enfance. Je ne m'y sens plus.

    Cependant, cette semaine, j'ai retrouvé des émotions d'enfant. J'ai joué, en étant adulte, aux jeux auxquels j'aurais pu jouer plus petit. Toute une semaine ! J'ai joué à l'épervier, à des passes à dix extraordinaires, à des jeux sportifs divers et variés où j'ai couru partout… j'ai passé une semaine entière à jouer et à me dépenser physiquement, c'était merveilleux. J'adore jouer, encore aujourd'hui j'aime vraiment jouer. 

    Et pourtant, je grandis, je me responsabilise. Et pourtant, je suis toujours la même personne, je suis toujours, encore, ce Florian Duchesne que j'ai été à n'importe quel âge.

    Qu'est-ce qui a changé ? Qu'est-ce qui n'a pas changé ? 

    Je suis toujours calme et tranquille. Je fuis peut-être moins dans mes univers imaginaires, quoi que cela dépend de mes périodes… J'ai développé une personnalité que je dirais charismatique et originale, voire un peu marginale : au lycée, tout le monde me connaissait, mais au fond, je ne connaissais personne (à part mes meilleures amies). Je crois que je fascinais pas mal de gens, j'étais le gars bizarre.

    A la prépa et aux arts-décos, ce n'est plus pareil. Nous sommes entre personnes créatives, vraiment intéressantes, plus ou moins étranges. C'est bien.

    Je suis moins sensible, quand bien même certaines personnes peuvent m'être intimidantes. Je n'ai plus envie de pleurer si quelqu'un me fait les gros yeux.

    Et puis, je m'imagine moins que tout est possible lorsqu'il fait tout noir. Je suis devenu raisonnable, j'ai accepté l'idée qu'un cambrioleur ou une sorcière ne pénètrent pas forcément dans la pièce lorsque je ne peux plus les voir !…

    Et puis, je ne veux plus adopter mes futurs enfants sous prétexte que faire l'amour est quelque-chose de vraiment trop dégueulasse !…

    Mais, au fond, je suis resté proche de celui que j'étais. Je suis peut-être barbu, j'ai peut-être une voix grave et le visage allongé, mais je suis toujours ce petit garçon sensible, réservé et tranquille.

    Cela se constate également chez les autres. Je perçois parfaitement les jeunes filles que mes grands-mères ont été en les voyant telles qu'elles sont aujourd'hui.

    Je lis parfaitement les jeunes adultes voire les enfants qui sont encore là chez ma mère et mon père. Je les sens proches de ce qu'ils ont été. Mes parents ont toujours été Pierre Duchesne et Odile Coquillon, ils l'étaient déjà petits et il est clair qu'ils le sont encore.

     

     

    Une chose qui vient avec l'adolescence et l'âge adulte, c'est l'attraction vis-à-vis de la chair. Petit, on s'en fiche, voire cela nous dégoûte. On peut cela dit être déjà curieux.

    Mais un jour, tu te rends compte que toutes les filles du monde, ont des seins, des hanches, des fesses, des cous, des clavicules, des ventres, des cuisses… Et c'est un peu étrange.

    De voir une fille, et de voir un corps de chair, avec tous ces éléments qui se laissent deviner.

    C'est quelque-chose qui me semble vraiment fascinant : voir la personne, voir son esprit, mais également voir son corps.

    Nous sommes tous des corps. Nous sommes tous des êtres de chair. 

    Et nous avons tous un sexe, une poitrine, un ventre, des cuisses, des fesses, des cous…

    Parfois je vois tous ces corps autour de moi et je vois des animaux. Penser à notre chair me fait penser à notre condition d'animal. Au fait que nous sommes avant tout cela : des corps, des animaux.

    Cependant, s'y rajoutent des villes, des habits, des téléphones… Tout est ruiné : le monde civilisé nous rappelle notre éloignement vis-à-vis règne animal. Notre césure très affirmée vis-à-vis de cet autre monde. C'est Nature versus Civilisation !

     

    Et ce qui m'intéresse, c'est ça : de voir des êtres civilisés, avec des habits, des villes, des téléphones ou des sacs à mains, mais de réaliser que sous cette "pellicule", il y a des êtres de chair, faits de peau, avec des ventres, des cuisses, de la poitrine… Et, alors, je me rappelle l'animal.

    C'est pour ça que je n'imagine pas le "rapport sexuel" comme quelque-chose de civilisé. Je peux imaginer ça plein de tendresse, mais sûrement pas civilisé.

    Si au moins des câlins peuvent nous rappeler à ce que nous sommes, c'est déjà pas mal.

     

    Ce qui me paraît intéressant, c'est d'y ajouter la donnée amoureuse. Qu'aime-t-on ? Est-ce que l'on aime le corps ou l'esprit ? L'esprit nous pousse-t-il à aimer le corps ? Ou inversement ? 

    Il est intéressant de constater que le sentiment d'amour vis-à-vis d'une personne, quelles que soient les raisons de cet amour, entraînent irrémédiablement l'amour de la chair.

    Être amoureux d'une personne peut-il être distinct d'être amoureux d'un corps ? Je ne crois pas.

    Le fait est que le corps est égal à l'esprit. Mon corps est égal à Florian Duchesne. Aimer un corps, c'est aimer une personne…

    Et aimer une personne entraîne l'amour de son corps.

    C'est très intéressant.

    Par ailleurs, peut-on aimer une personne parce qu'elle a les plus belles fesses du monde, à cause de ses hanches, de son cou ?…

    Peut-on se contenter d'être amoureux d'un corps ? Passer d'abord par l'amour du corps peut-il entraîner l'amour de l'esprit ?

    "Je t'aime, et ainsi j'aime ton corps". J'ai du mal à définir cette équation de manière raisonnable…

    Mais il y a un rapport entre l'amour d'une personne et d'un corps, qui me paraîtrait vraiment intéressant à questionner davantage. Pour l'instant mon esprit n'y voit pas très clair.

    Je sais que cela est vrai mais je ne peux pour l'instant définir clairement pourquoi : aimer une personne, c'est aimer sa chair.

    Il y a quelque-chose d'extraordinaire là-dedans, et qui serait à questionner davantage.


    5 commentaires
  • Ce soir, c'est session Angelo Branduardi.

    C'est parce qu'aujourd'hui Simon, un formateur (je suis en stage théorique Bafa), nous a fait répéter une chanson d'Angelo Branduardi, que j'aime beaucoup et depuis longtemps : "à la foire de l'est".

    J'aime beaucoup ce stage. J'aime beaucoup les formateurs.

    J'aime Branduardi. C'est très agréable de me replonger dans sa musique. C'est pratiquement celle de mon enfance et de ma jeunesse entière, un peu comme Idir.

    Ces jours-ci je me sens nostalgique. Nostalgique d'événements de ma vie qui ont caressé le fantasme, le rêve, le songe.

    C'est fou comme le rêve a plus de pouvoir que le réel.

    Ce qui ne s'est pas réalisé, ce qui s'est réalisé mais qui s'est évanoui, me paraît aussi attirant que le souvenir d'une pomme de la connaissance. Est-ce que cette image est floue ?…

    L'idée est là : on se satisfait difficilement du réel. Surtout lorsqu'il se retrouve comparé avec un songe transformé en fantasme pas vraiment atteignable.

    Ça me fait drôle de me retrouver à nouveau seul, comme au bon vieux temps si j'ose dire. Hier soir je me suis parlé pour le plaisir de parler, en disant des choses qui ne voulaient rien dire du tout. A un moment donné je me suis dit que, si des gens me voyaient comme ça, ils me prendraient pour un fou. Et j'ai cette phrase qui m'a traversé : "Le principe de la solitude, c'est que personne ne te regarde".

    Une des formatrices de mon stage Bafa a un bébé. Il est très mignon et extraordinairement calme. Il a huit mois. Je crois qu'il m'aime bien. Lorsque je ne suis pas trop loin de lui, je ne peux pas m'empêcher de le regarder avec beaucoup d'admiration, et pour sa part il me regarde en souriant et je l'hypnotise complètement, il ne peut plus décrocher son regard de mon visage ! C'est très touchant. Je crois que j'ai un bon feeling avec les petits enfants, ils m'apprécient assez facilement j'ai l'impression.

    C'est drôle comme ce BAFA me donne envie de faire de l'animation. C'est plutôt chouette !… J'en avais envie avant, mais le stage est assez motivant, en plus d'être intéressant et pertinent…

    J'ai beaucoup aimé Ma nuit chez Maud d'Eric Rohmer. La rencontre avec Maud est de l'ordre du songe, presque du fantasme.

    Mais le personnage joué par Trintignant, justement, ne choisit pas Maud. C'est bien pour ça qu'elle devient comme un songe.

    J'aime bien conserver des songes.

    Mais j'aime bien accomplir ma vie, aussi. C'est assez cool !…

    Désolé, ce soir je suis assez flou.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique