• Monsieur le Prince est fatigué d'être un prince et des complications que lui apportent la VIE SOCIALE.

    "Prince ! Comment allez-vous ?!" s'exclama le duc de Chamfleury en s'approchant à grands pas du trône, les bras largement ouverts.

    Mais le prince ne sembla pas réagir aux pas du duc. Il portait une robe somptueuse, vermillon, avec des motifs de feuilles d'or disposées avec délicatesse tout le long de son vetêment. Son visage était maquillé d'une poudre blanche intense, et son crâne couvert d'une coiffe aux longs cheveux blancs disposés en rouleaux.

    "Fichez-moi le camp. Je ne vous ai pas invité, monsieur le duc."

    La mine de Chamfleury passa du large sourire à la déconfiture.

    "On m'avait dit que vous n'alliez pas bien, mais là... Messire, vous êtres rude ! "

    Le prince le regarda avec défiance un bon momment, pianotant des doigts le bras de son trône.

    "Il n'y a rien qui va mal, monsieur le duc. Plutôt si : vous. Pas seulement vous. Tout le monde. Toute la société."

    Le duc, les sourcils profondément froncés, la bouche dans une moue bizarre, signifiait bien qu'il ne comprenait rien à son discours.

    " Il n'y a rien à comprendre, duc... Rien de rien."

    Le prince regarda longuement, songeur, un immense vitrail illuminé à sa gauche, puis il reprit :

    "Je suis prince, mais je ne suis pas prince. Je ne me sens pas l'âme pour être prince. Dites-moi ce que je suis, mais ne me dites pas : "vous êtes prince..." Non, prince, cela n'est pas fait pour moi."

    "Mais enfin... Prince !"

    "Non ! Pas PRINCE !... Je viens de vous le dire !..."

    Il fixa le duc avec nervosité. Il continua à se plaindre :

    "Et puis un PRINCE, il doit avoir une cour... Une cour, ce sont des courtisans. Eh bien, je n'en veux pas, je n'en veux plus !", s'exclama-t-il en balançant les bras en l'air. "Je voudrais n'importe quoi, du moment que ce serait seul... Je suis fatigué des autres, je suis fatigué de la société, je suis fatigué de vous..."

    Le prince soupira. Son soupir se dispersa dans l'air comme les cendres d'un être cher. Les cendres qui étaient un soupir contenaient toutes ses pensées et tous ses rêves.

    Une poussière de cendre disait : je voudrais être cosmonaute et aller sur la Lune et me retrouver seul. Une autre disait : Je voudrais voyager dans le désert, me retrouver face à la mer jaune, être seul. Une autre encore disait : je voudrais être sur une caravelle dont je serai l'unique navigateur, ne jamais retrouver terre, et, face à la mer et au ciel, être seul.
    Les poussières de cendre allèrent partout. Les poussière de cendres qui n'étaient que particules d'air de soupir se retrouvèrent dispersés partout dans le royaume, s'éloignant du prince.

    Le duc finit par prendre congé, troublé. Le Prince, lui, resta sur son trône sans rien faire. Quelqu'un viendrait encore devant lui compliquer sa vie avec des relations humaines nouvelles, et cela l'énervait d'avance. Ils lui compliquaient tous la vie, tous.

     


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