• Enfance puis chair

    Il y a deux choses ce soir que je voudrais aborder :

    l'enfance, et la chair.

    Tout à l'heure, il faudra que je mange. J'ai une courgette qu'il faut que je prépare.

    Par ailleurs ce serait bien si je commençais à ranger l'appartement dès ce soir.

    Car après, je n'aurais plus que demain, à partir de seize heures, pour :

    - passer rendre des documents à la médiathèque,

    - nettoyer l'appart, ce qui contient le rangement, la vaisselle, le linge de mes colocs à remettre en place, le frigidaire à vider…

    - faire ma valise.

    Ma formation BAFA continue à bien se passer et à être vraiment très intéressante. Aujourd'hui j'ai organisé un grand jeu (plus précisément un CLUEDO géant) en collaboration avec d'autres, et je suis assez fier du travail accompli.

    La perspective de m'occuper d'enfants de moins de neuf ans dont il faudra s'occuper beaucoup plus que des adolescents qui sont peut-être un peu plus autonomes vis-à-vis des animateurs, surtout en temps libre, m'effraie un peu, mais j'aime jouer et j'aime être pédagogue. Cela me ferait plaisir de faire mes preuves. L'univers de l'enfance est vraiment intéressant.

    Deux formateurs en couple ont un très beau bébé, comme je l'ai déjà dit dans une note précédente. Dans une bonne vingtaine d'années, ce bébé sera barbu, grand, j'espère mature, responsable. Il sera intelligent et intéressé. Pour l'instant, c'est un petit bébé sage qui découvre le monde.

    C'est étrange, de se dire que nous en sommes passés par là. Qu'un vieillard a pu être un petit bébé.

    Mais il ne s'agit pas seulement de la croissance d'un corps humain. Il s'agit également de l'évolution d'un individu.

    Un jour, j'ai été bébé. Un jour, j'ai eu cinq ans, huit ans, dix ans… Un jour j'en ai eu treize, quatorze, dix-sept… J'en suis à vingt.

    J'ai été un enfant. J'étais déjà Florian Duchesne. Ce qui me paraît intéressant, ce n'est pas de souligner que j'ai été un enfant, mais de souligner que cet enfant était déjà Florian Duchesne. On ne se résume pas à un âge mais bien à ce que l'on est.

    Ce qui me paraît intéressant, c'est de me demander : en quoi étais-je déjà Florian Duchesne à cet âge ? En quoi était-ce déjà moi ? Qu'est-ce qui fait qu'il ne s'agit pas simplement de l'évolution physiologique d'une personne, mais également de l'évolution dans le parcours d'un individu.

    Mes parents, mes soeurs, se souviennent certainement encore très bien de celui que j'étais plus petit.

    Ce qui est fascinant, c'est que je m'approche moi-même de ce petit comme s'il s'agissait d'un inconnu, d'un autre.

    De quoi est-ce que je me souviens de cette personne, de cet enfant ?

    Je me souviens que j'étais déjà un enfant calme, tranquille. Je me souviens que l'on me disait souvent que j'étais "sage comme une image".

    Je me souviens que, si l'on me faisait des gros yeux, à cause d'un comportement avec lequel un individu adulte était en désaccord, cela suffisait à m'intimider énormément, à me faire peur et à me donner envie de pleurer.

    Je me souviens que les gens me souriaient beaucoup dans la rue et je pensais qu'ils étaient tous très hypocrites, qu'ils faisaient tous exprès de sourire aux enfants quand bien même ils n'avaient pas de quoi sourire. Aujourd'hui, j'ai changé d'avis : je me suis rendu compte que certains enfants sont vraiment mignons, et qu'ils nous donnent envie de leur sourire de manière sincère.

    Je me souviens que j'étais courageux et joueur car, lorsque je jouais à chat à la cour de récré, je n'hésitais pas à m'éloigner de la maison, contrairement à d'autre peureux qui s'en éloignaient le moins possible.

    Je me souviens que j'étais un enfant ouvert : j'ai accepté d'être ami avec d'autres enfants comme Philippe et Stéphane, alors que je me suis rendu compte plus tard (trop tard…) qu'ils n'avaient pas des caractères faciles, ils n'étaient d'ailleurs pas très populaires.

    Je me souviens que j'adorais jouer. Petit, je pouvais passer ma vie entière à jouer, c'était ma seule passion. Avec l'imaginaire.

    Car, petit, je m'inventais des personnages dans ma tête. Mes pensées étaient représentées par des personnages. Il y avait le moi qui se mêlait à ces personnages en en devenant lui-même un, ma bonne conscience représentée en Timon (oui, du roi Lion) en costume d'ange, et ma mauvaise en petit diable rouge avec un nez énormissime et aquilin, qui lui parcourait toute la tête (GROSSE, la tête). Je me souviens du parieur qui apparaissait dès que je pensais : "on parie ?", et je me souviens de l'espèce de robot assez lent qui jouait au basket-ball.

    Enfin, il y avait une espèce de "super-moi" qui apparaissait à l'occasion lorsque mon personnage-moi commençait à s'écarter de mes opinions réelles.

    Je me souviens de la garderie. J'ADORAIS la garderie. J'étais l'enfant qui y restait le plus tard, toujours, alors que je ne faisais pas mes devoirs avant. J'habitais juste à côté de l'école, et lorsque maman, certains jours, ne pouvait pas venir me chercher, Guy, l'animateur, tenait à me raccompagner jusqu'à mon portail même si c'était à deux pas.

    Je me souviens aussi que, toujours à la garderie, au football, je me mettais avec Guy dans l'équipe des filles, plutôt à la défense, car jouer dans l'équipe la moins efficace donnait de l'importance à ma participation. Et puis j'aimais me mettre du côté des faibles. Du coup à l'époque j'aimais bien jouer au foot.

    J'aimais beaucoup Guy.

    Je me souviens être devenu adolescent. J'ai senti mon corps changer et les sentiments qui étaient en moi évoluer. Ma voix a mué. J'ai eu du poil au menton et du duvet et mon coeur était fort troublé par mes sentiments amoureux. J'ai alors commencé à écrire ce qui se présentait comme de la poésie.

    Aujourd'hui, je ne suis plus un enfant, plus vraiment adolescent. A la formation BAFA, il y a des jeunes de dix-sept ans qui sont clairement encore dans l'adolescence, voire dans l'enfance. Je ne m'y sens plus.

    Cependant, cette semaine, j'ai retrouvé des émotions d'enfant. J'ai joué, en étant adulte, aux jeux auxquels j'aurais pu jouer plus petit. Toute une semaine ! J'ai joué à l'épervier, à des passes à dix extraordinaires, à des jeux sportifs divers et variés où j'ai couru partout… j'ai passé une semaine entière à jouer et à me dépenser physiquement, c'était merveilleux. J'adore jouer, encore aujourd'hui j'aime vraiment jouer. 

    Et pourtant, je grandis, je me responsabilise. Et pourtant, je suis toujours la même personne, je suis toujours, encore, ce Florian Duchesne que j'ai été à n'importe quel âge.

    Qu'est-ce qui a changé ? Qu'est-ce qui n'a pas changé ? 

    Je suis toujours calme et tranquille. Je fuis peut-être moins dans mes univers imaginaires, quoi que cela dépend de mes périodes… J'ai développé une personnalité que je dirais charismatique et originale, voire un peu marginale : au lycée, tout le monde me connaissait, mais au fond, je ne connaissais personne (à part mes meilleures amies). Je crois que je fascinais pas mal de gens, j'étais le gars bizarre.

    A la prépa et aux arts-décos, ce n'est plus pareil. Nous sommes entre personnes créatives, vraiment intéressantes, plus ou moins étranges. C'est bien.

    Je suis moins sensible, quand bien même certaines personnes peuvent m'être intimidantes. Je n'ai plus envie de pleurer si quelqu'un me fait les gros yeux.

    Et puis, je m'imagine moins que tout est possible lorsqu'il fait tout noir. Je suis devenu raisonnable, j'ai accepté l'idée qu'un cambrioleur ou une sorcière ne pénètrent pas forcément dans la pièce lorsque je ne peux plus les voir !…

    Et puis, je ne veux plus adopter mes futurs enfants sous prétexte que faire l'amour est quelque-chose de vraiment trop dégueulasse !…

    Mais, au fond, je suis resté proche de celui que j'étais. Je suis peut-être barbu, j'ai peut-être une voix grave et le visage allongé, mais je suis toujours ce petit garçon sensible, réservé et tranquille.

    Cela se constate également chez les autres. Je perçois parfaitement les jeunes filles que mes grands-mères ont été en les voyant telles qu'elles sont aujourd'hui.

    Je lis parfaitement les jeunes adultes voire les enfants qui sont encore là chez ma mère et mon père. Je les sens proches de ce qu'ils ont été. Mes parents ont toujours été Pierre Duchesne et Odile Coquillon, ils l'étaient déjà petits et il est clair qu'ils le sont encore.

     

     

    Une chose qui vient avec l'adolescence et l'âge adulte, c'est l'attraction vis-à-vis de la chair. Petit, on s'en fiche, voire cela nous dégoûte. On peut cela dit être déjà curieux.

    Mais un jour, tu te rends compte que toutes les filles du monde, ont des seins, des hanches, des fesses, des cous, des clavicules, des ventres, des cuisses… Et c'est un peu étrange.

    De voir une fille, et de voir un corps de chair, avec tous ces éléments qui se laissent deviner.

    C'est quelque-chose qui me semble vraiment fascinant : voir la personne, voir son esprit, mais également voir son corps.

    Nous sommes tous des corps. Nous sommes tous des êtres de chair. 

    Et nous avons tous un sexe, une poitrine, un ventre, des cuisses, des fesses, des cous…

    Parfois je vois tous ces corps autour de moi et je vois des animaux. Penser à notre chair me fait penser à notre condition d'animal. Au fait que nous sommes avant tout cela : des corps, des animaux.

    Cependant, s'y rajoutent des villes, des habits, des téléphones… Tout est ruiné : le monde civilisé nous rappelle notre éloignement vis-à-vis règne animal. Notre césure très affirmée vis-à-vis de cet autre monde. C'est Nature versus Civilisation !

     

    Et ce qui m'intéresse, c'est ça : de voir des êtres civilisés, avec des habits, des villes, des téléphones ou des sacs à mains, mais de réaliser que sous cette "pellicule", il y a des êtres de chair, faits de peau, avec des ventres, des cuisses, de la poitrine… Et, alors, je me rappelle l'animal.

    C'est pour ça que je n'imagine pas le "rapport sexuel" comme quelque-chose de civilisé. Je peux imaginer ça plein de tendresse, mais sûrement pas civilisé.

    Si au moins des câlins peuvent nous rappeler à ce que nous sommes, c'est déjà pas mal.

     

    Ce qui me paraît intéressant, c'est d'y ajouter la donnée amoureuse. Qu'aime-t-on ? Est-ce que l'on aime le corps ou l'esprit ? L'esprit nous pousse-t-il à aimer le corps ? Ou inversement ? 

    Il est intéressant de constater que le sentiment d'amour vis-à-vis d'une personne, quelles que soient les raisons de cet amour, entraînent irrémédiablement l'amour de la chair.

    Être amoureux d'une personne peut-il être distinct d'être amoureux d'un corps ? Je ne crois pas.

    Le fait est que le corps est égal à l'esprit. Mon corps est égal à Florian Duchesne. Aimer un corps, c'est aimer une personne…

    Et aimer une personne entraîne l'amour de son corps.

    C'est très intéressant.

    Par ailleurs, peut-on aimer une personne parce qu'elle a les plus belles fesses du monde, à cause de ses hanches, de son cou ?…

    Peut-on se contenter d'être amoureux d'un corps ? Passer d'abord par l'amour du corps peut-il entraîner l'amour de l'esprit ?

    "Je t'aime, et ainsi j'aime ton corps". J'ai du mal à définir cette équation de manière raisonnable…

    Mais il y a un rapport entre l'amour d'une personne et d'un corps, qui me paraîtrait vraiment intéressant à questionner davantage. Pour l'instant mon esprit n'y voit pas très clair.

    Je sais que cela est vrai mais je ne peux pour l'instant définir clairement pourquoi : aimer une personne, c'est aimer sa chair.

    Il y a quelque-chose d'extraordinaire là-dedans, et qui serait à questionner davantage.


  • Commentaires

    1
    Solveig
    Dimanche 11 Juillet 2010 à 14:33
    De ce que la fatalité a de beau
    C'est amusant que, tout en te souvenant apparemment très bien de ton enfance (ce qui n'est pas le cas de tout le monde) tu perçoives l'enfant que tu as été comme quelqu'un d'autre. Pour ma part j'ai le sentiment non seulement d'avoir très peu changé (malgré une sorte de fossé dans mon caractère au niveau de l'adolescence) mais pire encore de n'avoir pas subi d'évolution dans mes objectifs, dans mes gouts, dans mes inquiétudes, dans mes peurs et dans ma relation aux autres, et du coup j'ai le sentiment très puissant de n'avoir fait que grandir tout en restant tout à fait la même. Comme si ce n'était pas une évolution au même titre qu'un pokémon (genre Pichu devient Pikachu qui devient Raichu) mais plus au même titre que la chenille des jeux pour portables qui grandit au fur et à mesure qu'elle avale des pommes et doit éviter de rentrer dans le mur. Hum. Je ne suis pas très claire. Je connais beaucoup de gens qui refusent carrément certains ages de leur vie ; qui se sont trouvés cons étant enfants, ou au contraire qui regrettent des traits de caractère ou des talents qu'ils ont perdu par la suite. Un peu comme les petits vieux qui se souviennent de leur vie ou bien en souhaitant l'embellir, ou bien en la rendant très noire, ou bien avec détachement, ou bien comme si rien n'avait changé malgré la décrépitude évident de leur organisme. Rien de tout ça n'est vrai, c'est juste une question de perception, de mémoire et d'histoire. Il y a des évènements qui peuvent donner l'impression de ne plus être la même personne, et sont une rupture dans la vie d'un individu, et au contraire des vies qui s'écoulent sans changement suffisamment radical pour qu'on puisse percevoir notre croissance (par exemple, une fois lancés dans une vie un peu établie, les adultes d'une trentaine-quarantaine d'années ont souvent du mal à se souvenir de leur âge, alors que quand on est enfant on apprend tellement de choses que l'avancée est très claire). Je ne sais pas où je veux en venir avec ça, mais je pense que la perception de l'enfance, la distance qui s'opère avec elle et la connection qu'on peut faire entre l'adulte et ces états précédents sont quelque chose de radicalement subjectif. Les seules choses objectives sont celles qui nous sont livrées par notre nature ; on se développe tout le long de l'enfance, le corps change progressivement le temps de devenir un adulte capable de procréer, ce qui est grosso modo le seul but intrinsèque objectif de l'homme en tant qu'animal souhaitant assurer la pérénité de ses gènes avant de décrépir lentement puis disparaitre. Hum. Dit comme ça ce n'est pas très joyeux, mais disons que c'est ce qui fait que pour des raisons ne serait-ce qu'hormonales on subit de toute manière une évolution au cours de sa vie. Une femme qui a eu un enfant ne sera plus jamais la même personne qu'avant, elle recevra toute sa vie des signaux très puissants de la part de son organisme qu'elle n'aurait pas reçu autrement etc. Si on ne voit pas un minimum l'être humain comme l'animal qu'il est, prendre de l'âge est dénué de sens et s'explique difficilement (c'est d'ailleurs probablement à ça qu'on doit le désir d'immortalité, qui va au delà du désir de survie et de simple confort que partage tout le règne animal). Il y en va de même pour ce que tu dis de la chair et de l'amour. L'amour n'existe pas sans la chair, puisqu'il ne nait que par rapport à elle. Ce qui pousse un être humain à tomber amoureux, et à souhaiter tomber amoureux, c'est le besoin vital de propager ses gènes avant de mourir. Même l'affection et le besoin de trouver un conjoint en qui on a confiance sont des éléments liés à la survie. D'ailleurs, même en dehors de l'amour, le besoin de sociabiliser et de se faire des amis part de besoin vitaux de l'homme en tant qu'animal. De cette sociabilisation est née la culture, la civilisation, et évidemment le sentiment amoureux existe depuis plus longtemps que le monde civilité. Mais au fond, n'est-ce pas rassurant ? Je pense qu'en percevant l'amour comme quelque chose d'inné et nécessaire à la survie on lui donne plus de valeur que si on le perçois comme une entreprise purement culturelle et donc, en un sens, artificielle. Il en va de même pour la différenciation très forte qu'on a longtemps faite entre le corps et l'esprit. Le corps n'est pas un bête véhicule. Bien évidemment, quand on tombe amoureux d'une personne, ça prend en compte son corps ; on peut même retourner le problème dans l'autre sens : quand on tombe soi même amoureux, on tombe amoureux PAR son propre corps. Il ne s'agit pas seulement d'une approche purement intellectuelle (et donc culturelle) de l'autre, qui ne passe que par ce qu'on pense, mais aussi par de signaux hormonaux qui sont ceux qui font rougir, sourire bêtement, et agissent très naturellement sans nécessiter le concours de sentiments lyriques ou même de gouts ! Par exemple, le simple fait de voir un corps, même très agréable, n'est pas une raison suffisante pour tomber amoureux puisque la beauté du corps est elle aussi culturelle. Les plus belles fesses du monde, c'est très subjectif (cette phrase me fait rire, hors de son contexte), et surtout d'un point de vue de la survie c'est plutôt moins intéressant qu'une entente suffisante qui permettra de se protéger en cas de danger ou d'élever sa progéniture à deux, par exemple. Et finalement, ces critères très objectifs et absolument liés au comportement animal, il me semble qu'ils sont assez beaux. Un amour purement culturel, si on y réfléchit bien, ça reviendrait au mariage arrangé pour l'usage ou à la sacralisation d'un corps en fonction de la mode d'une époque. Bref. J'ai peur que tout ça soit atrocement long, je vais m'arrêter maintenant !
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    2
    Jeudi 29 Juillet 2010 à 12:05
    d'accord.
    Bravo, excellent commentaire de texte. Un avis très pertinent sur la question, axé sur les problématiques de culture et d'animalité. L'amour est donc animal ! Conclusion par contre un peu bâclée.
    3
    Kim
    Jeudi 19 Août 2010 à 00:03
    Hé bien, l'article :)
    Hé bien! Je viens de tomber sur ton blog via celui de Bastien Vivès, je dois dire que c'est bien intéressant ici! J'ai beaucoup aimé ton texte, et je m'accorde davantage avec toi qu'avec Solveig sur la question de l'amour et du corps: pour moi les deux sont trop indissociables: cela fait maintenant trois ans que je suis avec un garçon, je l'aime, et je ne suis pas certaine que tout ne soit qu'animal (j'ai lu une fois l'explication de l'expression "l'amour dure trois ans": ce serait le temps que notre corps estime nécessaire pour avoir un enfant et commencer à lui apprendre à se débrouiller seul. Passé ce laps de temps, le couple n'aurait biologiquement plus lieu d'être). Il est certain que les deux se mêlent...je ne sais pas. J'y réfléchirai davantage. Alors l'amour "intellectuel", ça ne serait qu'une amitié à laquelle s'ajoute autre chose? Non plus. Il va falloir que je relise Le Banquet. Mais il est certain que je l'aime physiquement aussi, lui et pas un autre. D'ailleurs personne n'a parlé d'odeur, alors que ça me semble très important (même si là, ça rejoindrait une théorie plus animale!). Ah et puis à propos de ces histoires de culture: c'est vrai d'une part, mais n'y a-t-il pas moyen de parler d'une entente intellectuelle? Culture ou pas culture, il y a des gens qui sont portés vers le dessin, d'autres vers la musique, d'autres vers l'aide aux autres, des gens qui ont des pensées radicalement différentes...il y a tout de même la possibilité de rencontrer quelqu'un et de s'entendre avec cette personne pas seulement parce qu'elle correspond à notre cadre culturel. On pourrait tomber amoureux de quelqu'un qui vit dans une société très différente, si cette personne a dans sa pensée personnelle quelque chose qui nous touche, au delà de ses gout artistiques/musicaux/cinématographiques, quels qu'ils soient! Je ne sais pas, je pense que c'est délicat, mais que l'entente intellectuelle n'est pas seulement culturelle, même si c'est le cas en partie. Pour ce qui est de l'évolution continu d'un individu, mon prof de philo (qui était vraiment très bien et passionnant!) nous a demandé un jour de considérer le fait que si tout le monde s'accorde à dire que notre "caractère", noter "intérieur" subie des changements, notre corps aussi, ce qui ne semble pas nous interpeller plus que ça. Qu'est ce qui reste de l'enfant que l'on a été? Le sang? Il s'est renouvelé. Comme c'est le cas de la peau, nos organes ont changé, nos cellules meurent et de nouvelles viennent les remplacer. Qu'est ce qui reste alors de l'individu que nous étions au départ? La question était effrayant, parce que nous étions tous persuadés que c'était "notre" corps, malgré les changements. Il a bien fallu alors se poser la question de ce qui "nous" constituait... J'ai peu de souvenirs de moi enfant. Je me rappelle des autres, je me rappelle de quelques pensées, mais pas très jeune. Je me souviens de peu de choses avant l'école primaire, mais parfois, dans certains comportements totalement irréfléchis (sous l'effet du stress, de l'impatience, de la joie), je retrouve la gamine que j'étais. En photos aussi parfois, quand je ne m'y attends pas et que j'ai cet air espiègle très drôle qui me donne l'air d'avoir cinq ans. J'aime bien, ça me rappelle que je suis toujours un peu la même personne. Ça me rappelle qu'il y a un lien, malgré tout. Et puis après tout, ce n'est pas pour rien que l'on demande "La culture est elle une seconde nature?" :) Enfin, à part tout ça, félicitations pour ton blog. C'est drôlement chouette ici, je reviendrai! (il fallait bien conclure par la minute niaise, après s'être bien pris la tête! :) )
    4
    Kim
    Jeudi 19 Août 2010 à 00:08
    Hé bien, l\'article :)
    Zut! Les commentaires ne tiennent pas en compte la découpe des paragraphes,ce qui les rend très difficiles à lire :( Et je me suis plantée sur la fin: "Et puis après tout, ce n'est pas pour rien que l'on demande "La culture est elle une seconde nature?" :)" ça, c'était sensé être à la fin du "paragraphe" qui traitait de l'amour et du corps! Raté. Voila, tout est dit!
    5
    Jeudi 19 Août 2010 à 02:22
    wahou !
    Je te remercie beaucoup, car je trouve ton commentaire vraiment très intéressant, très pertinent… Cela me donne envie de relire mon article ainsi que le commentaire de Solveig, afin de confronter ces "avis" les uns aux autres, mais ce soir il est trop tard… Ben, je suis bien content d'avoir commenté chez Vivès, du coup ! ah ah !
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