• De la vie, et de la manière avec laquelle on la régit en partage avec les contraintes extérieures

    Se laisser vivre. Vivre en société. Vivre avec les autres. Avoir des amis.

    Tout à l'heure, j'allais pour me faire une note titanesque, et j'ai été coupé en plein élan par l'arrivée du gars qui devait réparer la chaudière de chez moi. Ça a pris énormément de temps et moi je les regardais faire. Quand ils sont partis, je crevais de faim à mort, il fallait que je déjeune. À quatre heures de l'après-midi. J'ai voulu reprendre ma note après, mais c'était pas facile, j'avais trop été coupé dans mon élan. Maintenant, il est dans un traitement de texte, prêt à être repris. Parce que, vous comprenez, je devais aller chez ma grand-mère. Elle était pas là, et pas mal de temps plus tard, j'étais rentré, elle a téléphoné et on a parlé pendant des heures, jusqu'à ce que ma mère arrive. Et moi, aujourd'hui, je devais ranger ma chambre et lire Jacques le fataliste. Il est 20:05 et j'ai fait ni l'un ni l'autre.

    J'ai envie de traiter de deux choses, même si je sais pas si je vais le faire. Non, de trois choses: enfin, je sais pas... Mais on va dire que. Donc : L'inspiration et ce qui la provoque. La création. Et le fait qu'on se laisse vivre. Je crois que c'est surtout de ça que je veux parler.

    Je vois les gens, et je me vois moi, et je me dis des tas de choses... Par exemple, je me dis que, malheureusement, des fois, on aimerait pouvoir accélérer le temps. C'est-à-dire que, parfois, même si on a des trucs bien à faire, on a la flemme.
    Et le truc c'est qu'on s'ennuie. Parce qu'on peut ne pas s'ennuyer en ne faisant rien. Il faut que j'en parle aussi. Merde, je vais avoir tellement de choses à dire... Bref, donc des fois, la vie est chiante. Des fois on s'emmerde et ya des moments qui ne valent pas le coup d'être vécus, parce que voilà, sans saveur. Et puis parfois, c'est l'inverse. Comme aujourd'hui, par exemple. j'avais des tas de choses à faire, mais les choses se sont plus au moins imposées à moi et la journée est passée incroyablement vite. Et la rentrée c'est après-demain, putain de merde. C'est pas un malheur. C'est cool. Mais la rentrée, ça veut dire des tas de choses. Et c'est lié à ça, ce que je vais essayer de traiter ici. Donc, parfois, on a l'impression d'avoir TROP de temps. Et parfois, on en manque. Logique. Bref. Et puis ya ces moments aussi, différents de l'envie de rien décrite plus haut. C'est aussi une envie de rien, mais différente. Je l'ai ressentie encore hier. J'étais dans le salon, avec ma mère et ma soeur. Et j'avais pas envie de monter lire Jacques la Fataliste, ni quoi que ce soit d'autre. Pourtant, il fallait que je me bouge. J'ai pas bougé. J'ai rien fait, vraiment rien, je suis juste resté là, tout mou sur ma chaise avec mes proches, et ça m'a fait du bien. Parce qu'il y a deux sortes d'"instant de rien": Ces moments où on s'ennuie alors qu'on a des choses à faire, et ces moments, complètement différents, on on ne s'ennuie pas, mais que voilà, on a des choses à faire et on peut pas se permettre de rester planté là. Et on se le permet. Parfois... Parfois, juste se laisser vivre, se laisser exister un instant sans bouger,sans parler, tranquille, assoupi, c'est bien. Se contenter, quelques instants, du point de vue qu'on incarne, et contempler le monde autour de soi.

    Mais les choses à faire sont là. Les choses à faire... C'est aussi là que je veux en venir. Il y a des gens, comme moi, qui ont une vocation mais qui ont peur de ne pas l'atteindre à cause des choses à faire (quoique je dis n'importe quoi mais je détaillerai après), et il y a ceux qui n'en ont pas, qui ne savent pas vraiment à quoi se destiner, et dont la vie est régie par ces choses à faire. Il vont à l'école parce qu'il le faut, il font des études parce qu'il le faut, ils cherchent un job parce qu'il le faut bien, et comme ça, la vie coule, et ils se laissent vivre comme ça. Il se laissent vivre à la manière avec laquelle il faut bien vivre puisqu'on est en société. Parce qu'il y a deux types de choses à faire : les choses qu'on se donne à faire, et les choses que nous sommes contraintes de faire. Aller à l'école, faire des études, chercher un job. Bien sûr, c'est bien, mais là où je veux en venir, c'est que vivre en société, c'est vivre avec des contraintes. C'est faire des conpromis. Ce que je pense, c'est que l'anarchie, c'est la non-société. Être anarchiste, c'est, à mon avis, être prêt à vivre dans son petit coin, et voir bien peu d'amis. Enfin, jveux dire... Si, quelques-uns, mais... Je pense vraiment que pour vivre en société, il faut plein de règles. Toutes sortes de règles. Des règles d'interdiction et des règles d'obligation. Disons que... Si je sors à Paris avec un ou une ami(e), je suis bien, je suis en bonne compagnie et on passe du bon temps, mais je ne fais pas tout à fait ce que je veux, parce que je dois prendre en compte ce qu'elle veut elle. Je ne suis pas tout à fait libre. Si je sors tout seul à Paris, libre à moi d'aller au centre Pompidou, alors que je sors d'une salle de ciné du mk2Beaubourg, mais voilà, j'avais pas prévu, ça me vient comme ça, et avec quelqu'un j'aurais peut-être pas osé bouleverser le programme. Sortir tout seul à Paris, c'est être libre de faire des croquis de Paris, posé sur un banc, avant d'aller voir Naissance des pieuvres. Ou Half-Nelson, je sais plus c'était lequel... Oui parce que je prends des vrais exemples. Sortir à Paris tout seul, c'est renoncer à attendre une heure pour voir tel film, et me laisser vagabonder jusqu'à Bastille, en étant parti de Beaubourg (oui, j'aime bien ce coin-là). Pour moi, la solitude, c'est la liberté totale. Pour moi, pour être absolument libre, il ne faut pas vivre en société. Un marginal, il est seul, il est dans la marge, en dehors de la société, mais il est libre. Bref. Ce que je veux dire... Aussi... C'est que vivre parmi les autres, c'est accepter l'idée de ne pas maîtriser entièrement sa propre vie. C'est-à-dire que... J'aime l'école, bien sûr. On y apprend plein de choses. C'est hyper instructif, tout ça. Et puis ya les amis. Bref, on perd pas son temps. Mais aller au lycée, c'est pas un choix personnel. Enfin... Si, j'aurais pu aller en Bep aussi, enfin certainement pas... Bref, le lycée, c'est presque obligatoire. Tout le monde va au lycée. Et c'est comme ça, on passe tous par la case lycée... Et ce qui me fascine, c'est qu'une chose qu'on a pas véritablement choisie puisse nous bouffer autant de temps. Est-ce que vous voyez ce que je veux dire? Et voilà! La vie, c'est ça, c'est une suite de choix impersonnels qui nous bouffent tout notre temps!! Ce n'est pas un problème si on sait pas vraiment quoi faire de sa vie et qu'on a même pas un objectif de vie particulier, c'est pas un problème si on est perdu... Enfin peut-être. Bref. Mais je pense au dix-neuvième siècle, où les ouvriers mouraient à l'âge où ils atteignaient enfin la retraite, c'est-à-dire qu'il ne vivaient pas leur retraite. Je repense à cette époque où un ouvrier n'avait pas de temps libre, pas de vacances, qu'une fois rentré il buvait, tapait sa femme et se pieutait parce que son boulot lui bousillait la cervelle, je repense à cette autre époque, au moyen-âge ou à la renaissance, où d'un côté il y avait tous ces gens qui ne travaillaient même pas, et d'un autre des paysans presque esclaves qui consacraient toute leur vie aux champs. je repense à tout ça, et je me dis : merde, tous ces victimes de la société. Tous ces gens victimes de la vie. Tous ces gens dont la vie n'a été que contraintes et concessions leur bouffant toute leur vie entière...

    Ce que je veux dire, c'est que je suis effrayé par la quantité de gens qui ont dû crever sans savoir s'ils avaient des rêves à réaliser, ou sans les avoir atteint, à cause de la société et ses contraintes.

    Voilà, c'est tout ça que je veux dire. Ce que je veux dire, c'est que vivre en société, c'est s'instruire, s'intéresser à des choses, et c'est aussi rencontrer des gens et se faire des amis. Je parle de ma société qu'est le lycée. Mais d'un autre côté, c'est une chose que je n'ai pas choisi et qui me bouffe tout mon temps et fait passer les semaines à la vitesse de l'éclair. Voilà où je veux en venir : le lycée, c'est ma journée d'aujourd'hui. J'ai voulu faire des choses, j'en ai fait d'autres qui étaient dûes à des contraintes extérieures, et après j'avais déjà atteint le soir.

    Voilà. Voilà, c'es tout ça que je veux dire.

    Mais ensuite?

    Ensuite, je pense que tout est, par ailleurs, possible. Vous allez d'abord croire que ça n'a aucun rapport, mais je vais essayer de doucement joindre les deux bouts. À douze ans, dessiner mal, c'est normal, pas jouer d'instruments, c'est normal, et pas savoir écrire plus de trois pages d'une fiction, c'est normal aussi. Cela n'empêche que cinq ans plus tard on peut devenir un super dessineux, un super musico ou un super écrivaillon. (Mais j'ai dix-sept ans et je joue d'aucun instrument... Bref.) Et cependant, l'avenir reste flou. Parce que seul le passé ne peut être changé. Cette dernière phrase n'est pas de moi, elle vient de la bande-annonce d'un film extraordinaire, Tu marcheras sur l'eau, d'Eytan Fox (oui, celui qu'a fait The Bubble, pas mal non plus). Mais l'avenir reste à écrire. Et c'est ça qu'est beau. L'avenir est tenu par quatre mains : les tiennes, et celles des contraintes extérieures. Je pense qu'à un certain degré, quand on veut, on peut. Et je pense que quand on veut pas on peut pas, mais bref. Il faut trouver un juste équilibre. Accepter d'être emporté un tant soit peu par le courant, et cependant maîtriser un peu sa direction. Et, ce qui est beau, c'est qu'il n'est jamais trop tard pour rattraper le temps perdu. Je suis un passionné de bandes dessinées, et un des mes auteurs préféré s'appelle Edmond Baudoin. Quel lien? Attendez. Depuis tout petit, il avait un talent fou pour le dessin. Avec son frère, ils étaient nés un crayon dans la main. Le dessin, c'était sa plus grande passion. Mais voilà, leurs parents n'étaient pas très riches, et n'ont pu payer une école de dessin que pour l'aîné, qui s'appelait Pierrot. Edmond Baudoin a quant à lui fait je sais plus quelles études supérieures et s'est retrouvé dans un boulot à la noix, je ne sais plus quoi. Ah si : il était comptable. Il a fini par avoir une femme et des gosses. Et puis, un jour, il a décidé qu'il ne pouvait plus continuer comme ça. Il voulait gagner sa vie en dessinant : son rêve. Beaucoup de gens pensent que la vie c'est comme les chemins de fer : Quand on est encore dans la gare, toutes les destinées sont possibles. Mais, plus le train s'éloigne, plus il se décide dans une certaine voie, et moins on peut changer sa destination. La pensée de Baudoin, c'est qu'on peut changer le train de rails dès qu'on veut. Il a quitté son job et a dessiné, dessiné et dessiné. Il gagnait pratiquement plus rien, et il en était résolu, avec ses enfants, à bouffer des pâtes tous les soirs. Il racontera un jours que ses enfants lui ont dit une fois qu'il préféraient bouffer des pâtes tous les soirs que voir leur père malheureux, et là il aurait chialé. Il avait des enfants, une responsabilité vis-à-vis d'eux, mais il a osé se permettre d'essayer de réaliser ses rêves. Aujourd'hui, c'est un auteur de bandes dessinées peu connu mais extrêmement reconnu, et d'autre part, c'est aussi devenu un prof de dessin dans une école d'art au Québec.

    Il a fait une bande dessinée magnifique que je conseille absolument à la planète entière. Ça s'appelle Le Voyage. C'est certainement ma bande dessinée préférée de tous les temps dans la catégorie one-shot. Sincèrement. Bref, cette bande dessinée raconte l'histoire d'un gars qui, au début de l'histoire, est malheureux. Il n'a pas l'air d'aimer beaucoup sa femme, ni son job, mais il a un fils. Et il se laisse porter. Il laisse les mains des contraintes extérieurs manipuler les fils de la marionette qu'il incarne, des têtes de mort plein la tête. Sauf qu'un jour, alors qu'il est au boulot, il s'en va, il fuit jusqu'à la gare et part en voyage, pour vivre.

    Et cette bédé, mon dieu, c'est magnifique. On apporte aussi cette thématique dans Quartier Lointain, de Taniguchi. Je ne veux pas raconter l'histoire, simplement, le héros va découvrir que son père n'a pas choisi la vie dans laquelle il est. Après une guerre, il a tenu compagnie à la veuve d'un ami qui lui avait sauvé la vie. Mais il veut aller à Tottori. La mère de la veuve tombe malade. Le père du héros reste avec elle pour l'aider à s'en occuper. Mais il souhaite toujours partir vivre à Tottori. Mais la femme tombe enceinte, et ils se marient. Il travaille dans la couture, devient mari, et père de deux enfants. Quatorze ans plus tard, il se réveille. Je ne vous expliquerai pas comment, lisez la bédé. Toujours est-il qu'il va décider de fuguer, il décide, des mois à l'avance, de quitter femme, travail et enfants, sans prévenir, pour vivre une autre vie, et son fils ne pourra pas le lui empêcher.

    Merde, cette note commence à être drôlement longue. Dire que j'avais compté parler d'encore autres choses après... De toutes façons, il faut que j'aille dîner. Si vous avez lu tout cet article, en entier, sans lire en diagonale, je vous donne une médaille virtuelle du meilleur lecteur de ce blog! lol jdis n'importe quoi...

    Bref, bonsoir à tous.


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  • Commentaires

    1
    Lundi 3 Septembre 2007 à 22:20
    wééééé
    j'ai gagné une médaille. C'est (enfin) le dernier commentaire...enfin jusqu'à mercredi :D (ou vendredi, enfin samedi...en gros je ne sais pas jusqu'à quand, mais venir ici, ou plutot ne pas venir ici me manquera...non venir ici me manquera. bref t'as compris hein !) Sur ce mon cher : AU PLAISIR !
    2
    Mercredi 5 Septembre 2007 à 17:46
    et ien , c'est à dire qu'il n'y en a pas !
    Heyy !! Je la veux la medaille !! J'ai TOUT lu !! Je suis totalement d'accord avec toi lorsque tu dis que la solitude c'est la liberté totale =) ! Sinon je suis trop trop deçue de pas être avec Charlotte et toi ...Ma classe est vraiment merdique ...En plus c'est les pas fous !Je sens que je vais bien me faire chier =(... Sinon j'ai vraiment adoré ta nouvelle tête !!ça ressemble beaucoup à tes dessins , il ne manquait plus que les lunettes rondes !!Bref baille baille !
    3
    Mercredi 5 Septembre 2007 à 21:33
    Merci pour la consolation xD !!
    Hihi je pense que nos blogs vont finir par devenir des forums, en plus je ne te vois plus sur msn ... En tout cas , merci pour ta réponse , meme si je l'avoue que question reconfort ya des efforts à faire , merci =) lol !Enfin je pense vraiment que de mon côté ça va me permettre de me concentrer plus sur les cours m'enfin , Charlotte et toi allez vraiment beaucoup me manquer...enfin bon , on se vera toujours aux récrés et à la cantine , d'ailleurs deux pieds on mange tous les trois ensemble donc bah on s'attend quoi , parce que je veux pas faire amie amie avec des poufs...Ralala bref je me plaignerais deux pieds!!Baille et bon courage !
    4
    Samedi 8 Septembre 2007 à 16:29
    héhé
    je suis de retour pour vous jouer un mauvais touuuur
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