• À mes lecteurs invisibles

    Imaginez-vous un type. Homme, femme, peu importe. Par androcentrisme (ouais jme la pète en faisant des néologismes cohérents !), je me l'imagine plutôt en homme.

    Il est seul et il fait des choses. Devant une caméra. Il danse. Il clame des poèmes. Il dessine, peint. Et montre ses productions à la caméra. Puis il diffuse l'enregistrement sur internet, sans plus jamais les voir.

    Dès lors qu'il lance ses enregistrements sur internet, il ne peut plus y avoir accès et perd le contact avec. Il n'a internet que pour envoyer ses vidéos. Il n'a aucun moyen de faire quoique ce soit d'autre avec.

    Cet homme vit dans la maison détruite de l'artiste Raynaud.  Le carrelage blanc tout partout, sur tous les murs. Un espace vide, blanc, carrelé, seul dans une maison qui est à l'abri du monde.

    Vivant dans cette maison marginale et extrême, il ne voit personne. Il est en contact avec le monde par ses enregistrements, et c'est tout.

    Il passe son temps à recueillir les sensations que lui procurent ce blanc, ce carrelage, ce rien-d'autre-que-ça. Et en partant de cela, de l'énergie que cela peut lui procurer, il peint, dessine, pense, dit, déclame, devant sa caméra.

    Reste en contact avec le monde.

    Mais ses enregistrements partent sans s'en retourner. Ayant perdu contact avec le monde, il ne peut savoir comment sont reçus ses enregistrements. Il pense, il dit, il écrit, il peint, il dessine, il envoie tout cela au monde, puis est destiné à se demander, piteux, de quelle manière ses productions sont reçues. Y a-t-il seulement qui que ce soit qui regarde son travail ? Et si oui, qu'en pense-t-on ? Au fond, ce qu'il veut savoir, c'est qu'est-ce qu'il produit. Il écrit ceci. Pour lui, ce n'est qu'un "ceci". Mais pour le lecteur, qu'est-ce ?

    Sans réponse de quiconque, il a l'inmpression d'envoyer des cris aux montagnes qui lui refuseraient même le moindre écho. Il a l'impression de voir disparaître une part de lui-même dans un gouffre. Sans conscience du public, il n'envoie pas ce qu'il fait sur internet, mais jette dans une poubelle à l'abris des regard.


    Tags Tags :
  • Commentaires

    1
    lectrice
    Jeudi 16 Octobre 2008 à 01:04
    ...
    c'est davantage un hommage et/ou une certaine complicité, parfois, de se taire...
    2
    lectrice
    Jeudi 16 Octobre 2008 à 01:08
    ...
    Maintenant que j'ai commencé à parler, je ne peux me retenir de dire que l'illustration (la photo, j'entends) est particulièrement réussie. Bonne continuation, je retourne dans mes oubliettes.
    3
    Jeudi 16 Octobre 2008 à 21:03
    Lectrice
    Merci pour la photo. Je veux bien croire que le silence puisse être un hommage ou une certaine complicité; et puis de toutes façons je suis le premier à comprendre tout ça puisque je mets rarement des commentaires sur les blogq, mais… N'empêche que, si quelqu'un se tait alors que je ne le vois pas, ben qu'il se taise où qu'il ne soit même pas là, pour moi, c'est du pareil au même… Évidemment, pour toi, c'est différent. Alors ça compte. Tout est une question de point de vue, comme d'hab. mais c'est parce que tu m'envoies ce com que je peux me dire : ah, tiens, il y a quelqu'un qui a bel et bien lu cette note… Au pire, je pourrais demander à mes lecteurs de m'écrire un commentaire avec juste "lu"… (bien sûr, je plaisante)
    4
    lectrice
    Vendredi 17 Octobre 2008 à 14:58
    certes
    Je suis d'accord avec toi. Mais tenir un blog c'est aussi un peu s'exhiber face aux voyeurs cachés. Donc du "pareil au même", c'est à voir. Je parlerais d'entité très floue indéfinissable, indénombrable, fluctuante, nageant entre absence et présence. Le comm fixe un peu cette chose qui échappe au rédacteur, comme une empreinte un tant soit peu réelle sur la vague du virtuel (doublement virtuel même); c'est vraie que c'est appréciable. Voilà que je bavasse... J'aurais pu aussi écrire "lu". :)
    5
    Lectrice
    Vendredi 17 Octobre 2008 à 15:02
    vraie?
    sans le "e", c'est mieux...
    6
    Vendredi 17 Octobre 2008 à 18:58
    "certes"
    Juste pour saluer ton dernier commentaire… Enfin l'avant-dernier avec la correction. "Saluer" parce que c'est très juste et très bien écrit, tu as tout à fait compris tout ce que je pouvais ressentir. Donc voilà… Merci pour ces signes de présence.
    7
    Jeudi 23 Octobre 2008 à 22:12
    Lu
    ..... et approuvé. =)[J'm'en veux d'autant + d'avoir été longtemps absente de chez toi. J'te laisse en lien c'que je laisse en pâture à un public beaucoup + restreint et muet depuis quelques mois.] °
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :