• Je me demande si on court à la catastrophe. Je veux dire : le monde, par rapport à la situation écologique. Nous vivons chacun de nos jours paisiblement, alors que nous sommes au bord du gouffre. En même temps, c'est normal : que l'on agisse ou pas, que nous changions nos manières de vivre ou pas, on ne va pas passer nos jours à paniquer tout ça, ça ne servirait à rien.

    Je me demande vraiment comment on va s'en sortir, n'empêche. On verra bien d'ici une petite décennie. À ce moment-là, on saura si le pire a été évité ou bien si l'on plonge.

    Je crois que c'est même inquiétant par rapport à la démographie mondiale. Être aussi nombreux, c'est dangereux. Nous faisons partie du règne animal, mais sommes tout-puissants : à ce titre, aucun autre être vivant ne nous régule, nous nous sur-peuplons donc sans être inquiétés, mais brisons l'ordre des choses comme le feront les planctons quand il n'y aura plus de poissons pour les bouffer.

    Et là, je me demande : comment va-t-on s'en sortir.

     ...

     Bref, parlons d'autre chose. Je ne crois pas être hypocondriaque, mais j'ai des tas de soucis. Ma soeur m'a refilé sa crève : je passe mes journées à cracher mes poumons. Mes épaules me font mal, mais ça fait peut-être déjà un an, voire plus. Il faudrait que j'aille voir un ostéopathe, quelque-chose comme ça. Et, enfin, j'ai ce truc bizarre dans l'oreille. Je suis allé voir l'ORL, et j'ai cru qu'il avait résolu mon problème, mais non, ce foutu truc est revenu. Par contre, il s'est calmé. Hier soir, il m'a fait un putain de sale coup : je ne sentais rien à l'oreille, et pensais que c'était parti. J'étais vraiment content. Mais pas mal de minutes plus tard, ça a fini par revenir. Comme quoi, ce truc n'est pas là tout le temps...

    C'est assez difficile à décrire. Comme un claquement de dents, mais dans l'oreille. Comme... Un gigotis, c'est un gigotis. Comme un tic sous la paupière, mais vers le tympan. 

     Je n'ai pas l'esprit chrétien. Le véritable chrétien a le sens du sacrifice, du partage, de l'abnégation. VOus me direz, je m'en fous : je ne suis PAS chrétien, je n'ai même pas été baptisé. Et pourtant, je me sens plus chrétien que juif (oui, parce que ma grand-mère maternelle, malgré son athéisme, est juive, et comme ça se transmet par la mère... En même temps, la dite-mère s'est faite baptiser, et moi, je n'ai jamais eue la moindre sorte d'éducation religieuse quelqu'elle soit, mais bref). Toujours est-il que je n'ai pas l'esprit chrétien. L'autre jour, je me retrouvais à Paris à manger un sandwich Subway de quinze centimètres... Je croisai un miséreux, et sans me le dire vraiment, pensai : non, je ne lui donnerai aucun bout de ce délicieux sandwich... Et, tandis que je passais devant lui avec ce délicieux sandwich, je constatai que je n'avais pas l'esprit chrétien. En règles générales également, quand je dois me serrer la ceinture, qu'il n'y a plus beaucoup d'argent dans mon porte-monnaie, je répugne à donner de l'argent aux sans-abris...

     Pourtant, c'est bien, le sens du sacrifice. Si les gens pouvaient faire passer les autres avant eux-mêmes, ce serait formidable. Malheureusement, les très égoïstes, les anti-citoyens, les connards et les cons, les incivilisés, les arnaqueurs, les péteux, sont tous ensemble rassemblés pour faire des saints des bonnes poires et des pigeons.

     Personnellement, je ne suis ni l'un, ni l'autre. Mais si je n'ai pas le sens du sacrifice, où est-ce qu'on va ? Si je crois en la perfectibilité humaine, si je crois que je dois rejoindre les actes et les idées, où est-ce que je vais ? Et, pourtant, je vous promets que, si demain il m'arrive la même chose, queje bouffe un putain de sandwich de quinze centimètres et pas de trente, que j'ai FAIM, et que je croise un miséreux, je ne lui en donnerai pas un bout spontanément... C'est-à-dire pas du tout. De la même manière, si je sors demain à Paris, je ne donnerai pas la moindre pièce avec ce que j'ai en ce moment-même dans mon porte-monnaie...

     Je ne suis un type bien que lorsque cela m'arrange. Peut-être que je m'arrangerai justement, un jour.

     Bref. Parlons d'autre chose. Parlons de l'île des patates.

    Avec des proches, on a créé un blog. Chacun est libre d'ajouter sa pierre à l'édifice, si vous souhaitez participer : il suffit de nous dire que vous voulez faire partie de l'aventure. J'y ai écrit ma première vraie note, pas forcément passionnante, sur l'expo de Louise Bourgeois. Un article bien confus, mais... J'ai vraiment eu du mal à l'assimiler, cette expo. Voilà l'adresse du blog : http://ile-des-patates-libres.over-blog.com/

    N'hésitez pas à jeter un coup d'oeil. 

     

     


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  • Nous sommes avant-hier. Je sors du train, arrivé à Rennes, et trouve un train desservant Dol en voie 2. Je descends les escaliers, remonte un AUTRE escalier, traînant une lourde valise, un bon sac à dos et la sacoche d'un appareil photo; et arrive sur le quai. À moins qu'à ce moment-là, j'ai déjà rangé mon appareil photo (et sa sacoche) dans mon sac à dos... C'est bien possible. Le train ne tarde pas à arriver : je le monte. Il partira dans un petit quart d'heure. Mon wagon est pratiquement vide. Dans un effort considérable, je rentre ma valise noire à roulettes dans le porte-bagages. Je pose mon sac à dos à côté de moi, me défait également de mon manteau et de mon chapeau, et ouvre American Gods. D'autres personnes arrivent progressivement dans mon wagon, mais extrêmement peu. Une fille discute sur son portable, mais j'arrive tout de même à me concentrer sur ma lecture. Le train finit par partir. À un moment, le train freine, et il garde une lente vitesse pendant un bon moment, puis il finit par accélérer. Il dessert Pont-Chaillou, et d'autres gares comme ça. Après une demi-heure de trajet, il dessert Dol-de-bretagne. Je mets mon chapeau, prends mon sac à dos, enfile mon manteau, et sors ainsi du train avec mes affaires, sauf que voilà : je ne trouve pas mon père sur le quai, qui, pourtant, arrive toujours à l'heure. J'allume mon téléphone, l'appelle : je n'y arrive pas tout de suite. Ça décroche, mais j'entends la météo... C'est la radio ? Je suis dehors, sur le parking. Je raccroche, l'appelle à la maison : ça ne répond pas. Je réessaie sur son portable : il répond enfin. Il m'explique qu'il est venu, mais qu'il ne m'a pas trouvé à dix-neuf heures à la sortie du train : je vois sur mon portable qu'il est seulement dix-neuf dix... J'ai dix minutes de retard. Mon père me dit qu'il arrive; et dix minutes-un quart d'heure plus tard, passé à guetter les voitures; mon père m'explique, alors que je lance mon sac à dos sur le siège à côté de moi, à l'arrière, qu'un autre train en provenance de Rennes était arrivé à 19 heures, ce qui m'étonne, car si je devais effectivement arriver à cette heure-là, je n'avais pas vu d'autre train pour Dol à Rennes, du moins j'ai pris celui que j'ai vu. Bref. On rentre à Plerguer. Après quelques minutes de décompression où je pose notamment mon sac à dos dans ma chambre, mon père me montre les photos de fleurs qu'il a prises avec ses différents appareils photo. Puis il me montre des photos de la baie du mont-saint-michel. Tout cela dure très longtemps. Les photos sont belles, parfois très belles, mais elles sont surtout extrêmement nombreuses... Beaucoup de temps plus tard, je vais enfin moi-même sur l'ordi, et surfe sur la toile. Le soir, pas grand-chose à la télévision : je feuillette psychologies magazine. Puis je retourne sur l'ordinateur. On finit par se coucher. Je n'arrive pas à m'endormir. Je n'ouvre pas American Gods, mais par contre, je feuillette mon beaux-arts magazine hors-série sur la bande dessinée. Le lendemain matin. Entre dix et onze heures. Je me lève doucement. Je regarde autour de moi, cherchant des yeux ma valise où choisir mes habits du jour. Je ne vois pas de valise. J'ai oublié ma valise... Putain, j'ai oublié ma valise !

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  • Je suis en anglais, la sonnerie retentit. Il est trois heures. Je sais qu'il est temps. Charlotte me souhaite bonne chance.

    Je défile dans le couloir. Je salue des personnes, qui ne savent absolument pas ce qui va m'arriver. Par contre, je croise Carla, qui me souhaite aussi bonne chance.

    Je descends les escaliers, je vais d'abord aux toilettes avant de partir. Des personnes bloquent le passage. Je leur indique mon souhait d'aller aux toilettes : ils font semblant qu'ils vont m'en empêcher, puis me laissent passer.

    Ensuite, je me rends à l'administration : sur le chemin, je croise des camarades à qui je dis à demain. Elles sont interloquées : je leur indique où je vais, et alors elles m'expliquent qu'elles avaient cru un instant que nous n'avions pas philo, puis elles me souhaitent bonne chance. À l'administration, je me rends à la loge, pour prendre mon carton à dessin. Je marche en dehors du lycée, puis réalise que la gare d'Ablon, d'ici, est plus proche.

    Mon sac est incroyablement lourd. Le vendredi, c'est mon jour le plus lourd. Et je vais devoir me le coltiner jusqu'à Fontenay-sous-bois... Tout comme ce gros carton à dessin.

    Dans le train, je lis American Gods.

    Bibliothèque François Mitterrand : je sors, prends la ligne 14; jusqu'à Gare de Lyon. Là-bas, je me dirige vers le RER A. Il est bientôt quatre heures, et lorsque j'arrive sur le quai, je rate un train qui vient juste de partir : apparemment, il desservait la gare où je me rends. Je vais devoir attendre. Je me poste dans un coin, posant mon carton et mon sac par terre, et reprends American Gods. Et puis je lis sur un moniteur de la gare que mon train est retardé. Cela se propage bientôt aux suivants, minute après minute. Une voix grésillante, parlant au nom de la ratp, annonce qu'un malaise cardiaque est survenu à Chatelet, que le samu arrive, que les trains sont retardés. J'attends. J'attends. Mon téléphone portable sonne : une voix, qui s'annonce en provenance de Fontenay-sous-bois, m'indique que le candidat me précédant est en retard, ce qui fait qu'ils me font passer dès que j'arrive : malheureusement, je suis encore à Gare de Lyon à cause de ces fichus retards. Un train finit par arriver, qui se contente de stationner, sans bouger : on ne sait même pas où il va. Je rentre à l'intérieur, mais il ne part pas. Comme la voix de la sncf nous recommande de changer de chemin par la ligne 1 pour aller à Nation, c'est ce que je fais : à Nation, il y a un train qui stationne : on nous dit qu'il va dans la direction que je veux, et je rentre à l'intérieur. Je rappelle le lycée Pablo Picasso pour expliquer que je serai en retard, puis le train part. Mon sac est toujours aussi lourd, mon carton est toujours aussi encombrant; et comme il y a un paquet de monde, je me vois mal aller m'asseoir avec mon gros carton.

    Il est bien quatre heures trentes cinq quand j'arrive, alors que j'avais rendez-vous à seize heures trente. Je me rends au lycée. Là-bas, une hôtesse d'accueil m'indique le chemin à prendre pour me rendre à l'entretien. Je fais comme elle dit : je monte l'escalier, je prends à droite, je trouve le secrétariat élèves, et à côté, je vois cette pièce avec différents élèves, un peu plus loin, la pièce où va se dérouler l'entretien : je rentre, avec angoisse et soulagement. Je pose mon sac, je pose mon carton, j'explique qu'il y avait eu un malaise cardiaque à Chatêlet, que j'étais moi-même à Gare de lyon lorsqu'il était quatre heures. Parmi le "jury", je reconnais deux élèves de la classe, le prof d'arts plastiques, mais ne retrouve pas le visage de la femme à côté du prof : sûrement, elle-même, une prof de quelque-chose.

    Rapidement, après m'avoir notamment fait confirmé que j'étais l'élève de madame Dufour, on me demande comment j'ai entendu parler, pour la première fois, de cette classe à Fontenay-sous-bois. Je dis que je ne m'en rappelle plus, que ç'avait sûrement été par madame Dufour, mais que j'étais déjà allé à leurs portes ouvertes durant mon année de première et que j'avais depuis gardé l'idée fixe que je voulais absolument aller là-bas deux ans plus tard.

    On me demande quel est mon projet professionnel. J'exprime timidement, après avoir un peu bafouillé, que je voudrais devenir auteur de bande dessinée. Le prof d'arts a un sourire que je sens ironique, mais déclare que c'est bien d'avoir des rêves. Moi, je me nuance en disant que je suis conscient de la difficulté de percer là-dedans, et que je compte me trouver un plan B professionnel au cours de mes études : en attendant de percer.

    On me demande de choisir UN travail dans mon carton, un travail qui me tient à coeur et dont je voudrais parler. Je regarde à l'intérieur de mon carton. Je vois mes différents travaux aboutis, mon masque de transformation bof, celui qui est bien mais que j'ai seulement commencé, mes planches de bandes dessinées, et puis ma guirlande. J'hésite, notamment avec les planche de bédés. En me rappelant peut-être tous ceux qui m'ont félicité pour ce travail-là, je choisis ma guirlande de marionnettes. Plus tard, je me dirai que j'aurai peut-être dû présenter une de mes planches de bédé. Je prends mon travail par chaque bout du lacet, et constate, à voix haute d'ailleurs, que la tête de mon Florian-tecktonic se sépare du corps. On me demande comment on est censé le voir, et mes bras en l'air, je tire chaque bout du lacet, dans un sens permettant une vue claire de chaque personnage, troués dans les cheveux pour laisser le lacet relier chaque marionnette : ils portent chacun mon visage photographié et cartonné, mais portent tous un look différent. L'un est rapper, l'autre skater, le suivant gothique... Je leur explique ma fascination pour le vêtement comme objet d'identité, comme uniformisation de l'individu, qui grâce à son look, s'intègre dans une bande en gommant ce qu'il a de singulier en lui (en fait, j'ai dit ça autrement, et je trouve que comme je vous le dit là, c'est mieux), et je leur explique le ton d'humour que j'y ai mis, par exemple lorsque mon visage barbu et stoïque s'associe au look de "pouffe" (en fait, je n'ai pas non plus présenté cet exemple). Puis on discute. La femme à côté du prof, sérieuse, me demande si mon travail est de l'ordre du constat sociologique, quelque-chose comme ça. Je dis que c'est effectivement le fruit d'un constat fascinant (encore une fois, je ne l'ai pas formulé comme ça) Ils me demandent les autres fonctions du vêtement, à part comme outil d'identité, et j'y vais, j'en cite pas mal. Ils me poussent vers pas mal de directions, je réponds, je réponds. Puis le prof d'art me demande quelque-chose de bizarre que je n'ai pas assimilé, il reformule, je comprends : si je devais refaire mon travail, comment opérerai-je pour l'approfondir, le rendre moins superficiel (car il n'y a pas à proprement parler de réflexion : c'est ni plus ni moins qu'un constat, un pointage du doigt (il ne l'a pas dit, mais c'est moi qui le dis : un enfonçage de porte...))

    Je suis absolument incapable de répondre à sa question. Je répète en marmonnant, pou moi-même, sa question, et sans le penser, je constate que je nage un peu dans la merde. Il finit par dire quelque-chose : après un échange d'idées, après, en fait, qu'il m'ait quelque peu guidé, je finis par formuler que j'aurais relié ma guirlande de bonhommes à un contexte, à un cadre, car nous avons déduit qu'on s'habillait toujours d'une certaine manière par rapport à un certain contexte, alors que mes bonhommes flottaient dans rien, accrochés ensemble par un lacet.

    Régulièrement, tout le long de l'entretien, je m'éponge le front avec la main et me constate en sueur.

    Ils ouvrent un classeur, et me désignent une oeuvre d'art de Spoerri : ils me demandent si je le connais. D'abord, je crois que non, puis si, je m'en rappelle : c'est celui qui accroche les trucs au tableau, tout ça, bref, je ne sais plus comment je l'ai formulé, mais le prof d'art hoche la tête, peut-être avec un peu d'indifférence, et me dit que cela s'appelle des "tableaux-pièges". Il me demande à quel mouvement artistique il appartient : je propose le pop-art. On me dit que c'est un nouveau-réaliste, je demande alors, car étonné, et un peu pour me disculper : "Ah, il est français ?..." On me dit que oui, et on me demande de citer d'autres artistes du Nouveau Réalisme : je cite César, Arman, après une seconde, je pense aussi à Yves Klein, et puis... et puis plus rien. Je constate avec effarement que, si l'on me demande de citer des nouveaux-réalistes, je ne suis capable que d'en donner trois. Le prof d'art, voyant que je n'ai plus de noms, m'en cite un paquet, don Nikki de Saint-Phalle, (que je connais mais dont je ne me souvenais plus comme membre du Nouveau Réalisme) puis dit qu'il y en a un paquet, d'artistes nouveaux-réalistes.

    Il me demande deux choses : de présenter le travail de l'artiste ici, et d'expliquer l'intention artistique.

    L'analyse d'oeuvre est très fastidieuse, je ne me débrouille pas avec excellence, et encore une fois, le prof m'aide, par des échanges de paroles, à avancer.

    Après cela, la femme à côté du prof me demande si je lis : est-ce qu'on me demande si je lis, ou si je lis beaucoup ? Je ne sais plus, peut-être beaucoup, toujours est-il que je déclare avoir toujours envie de lire un tas de bouquins, sans en avoir réellemenet le temps faute de réorganisation de mon planning. Plus tard, je me dirai que j'aurais dû nuancer mon propos, qu'elle avait peut-être compris que je ne lisais quasiment pas, alors que je me retrouve simplement à lire très lentement les livres que j'entreprends, excepté l'été où je les enchaîne davantage.

    Elle me demande si je visite des expos : j'explique que cela fait un morceau de temps que je ne suis pas allé dans des musées, mais qu'après avoir lu un article sur elle dans Beaux-arts magazine, l'expo sur Louise Bourgeois m'attire, ainsi que l'expo sur Vlaminck, et celle sur Daumier, à la Bnf. Elle dit sur un air de constat que c'est donc de l'ordre de l'hypothétique, comme les livres. Sans avoir vraiment compris, je confirme, et plus tard, je me dirai qu'encore une fois, j'aurais pas dû : il y avait certainement un malentendu, j'ai dit que c'était hypothétique car tout est hypothétique, mais elle a peut-être compris que je n'étais pas vraiment sûr d'y aller, alors que je pense vraiment aller les voir, ces expos...

    Elle me demande la dernière expo que j'ai vu, je dis Courbet.

    Elle me demande si j'ai d'autres activités, je me bute, elle demande : est-ce que je fais de la musique, est-ce que je danse ?...

    Je dis que je fais du théâtre, que je prends beaucoup de photo, que j'écris, elle me demande ce que j'écris : je dis que j'écris sur mon blog, que je travaille sur le schéma narratif d'une future nouvelle, ou bien d'un futur roman, et que j'ai récemment fini de travailler (est-ce que j'ai dit travailler, ou de retravailler ?) un premier roman. Je crois qu'elle hausse les yeux, et je crois même que cela l'impressionne un petit peu, mais je n'en sais rien.

    Je crois que c'est à ce moment-là que l'on m'invite à sortir : mon dossier artistique, qui a circulé, se retrouve posé à côté de moi, avec la photo de ma grand-mère me sautant aux yeux. Je prends le dossier, le mettant dans mon carton, que je referme après y avoir rangé mes marionnettes. Le prof me demande ce que je compte faire si je ne suis pas accepté, je dis que je ferai une fac d'arts plats, il me demande si je vais à Paris I, je confirme immédiatement alors que je n'en sais rien du tout, car j'en ai mis plusieurs dans mes voeux Ravel et qu'ils m'intéressaient tous moins que Fontenay-sous-bois.

    On me demande si j'ai des questions, je demande quand est-ce que je saurai si je suis pris ou pas : on me dit dans à peu près trois semaines, vu qu'il y a beaucoup de candidats.

    Je sors, une fille qui attend me demande si c'était dur. Je lui présente un peu ce qu'on lui fera faire (ou en tout cas, ce qu'on m'a fait faire), elle me dit que son copain était sorti dégoûté par leur rigidité, leur froideur. Je souhaite à la fille bon courage, et pars.

    J'ai la gorge aride comme si j'avais traversé le désert : je demande, avant de sortir du bâtiment, où sont les toilettes, pour y boire. On me les indique, j'y vais, mais je suis incapable de les trouver. Je pense à Tout sur ma mère à Orly, de Pedro Almodovar, à 18 heures, et me dit que j'ai peut-être encore mes chances d'y aller : j'oublie les chiottes, et rentre à la gare.

    Là-bas, j'ai le malheur de constater un train stationnant, plein : la voix grésillante parle toujours du foutu malaise cardiaque. Je me dis que ça va être difficile, pour mon film. Je pense à l'entretien. Après une minute ou deux, ça finit par démarrer. Mais, une fois à Vincennes, le conducteur nous dit qu'à cause de l'incident, il doit continuer sa route sans voyageurs, mais qu'un autre train va bientôt suivre. Tout le monde râle, moi aussi. Après un petit paquet de minutes, un train arrive effectivement. Mais à Nation, il ne peut pas non plus continuer plus loin : le trafic est tout interrompu. Toujours armé de mon carton à dessin et de mon fardeau qui me sert de sac à dos, je m'en vais prendre la ligne 1, luttant non pas contre vents et marées, mais contre escaliers et escalators, pleins à craquer de gens pressés. À la sortie de la ligne 1, à Gare de Lyon, je m'en vais enfin prendre la ligne quatorze, mais un mur d'individus aussi largués que moi m'arrêtent : il y a foule, et personne ne peut avancer. J'ai toujours ce putain de sac, ce carton à dessin, je me résigne à l'idée que je vais sûrement rater mon film, et en plus, je sens que mon entretien n'a pas été tout ce qu'il y avait de plus extraordinaire. Au bout d'un moment, ça finit par avancer, puis, devant les escaliers et les escalators, la voie est dégagée : je fonce vers la ligne quatorze, prends le fameux train vers Bibliothèque. À Bibliothèque, j'attends mon train : celui qui dessert ma gare arrive à 18 heures 10. Pour mon film, c'est définitivement foutu. Comme je pense à la fois au film que je vais rater, et à mon entretien, je n'ouvre pas American Gods : je n'arriverai pas à me concentrer. Une fois dans le train pour Villeneuve-le-roi, je repense encore à l'entretien, à ce qui a peut-être été des malentendus, à ce que j'aurais pu mieux exprimer. Je sens que mon admission n'est pas gagnée d'avance et que je vais peut-être aller à la fac. On verra bien d'ici trois semaines. Quand j'arrive, enfin soulagé de la foule, des sous-terrains, des escaliers, des escalators, de mon fardeau, de mon carton à dessin, j'ai mal à la fois aux pieds et aux épaules. J'hésite entre une sieste et une douche, mais je pue trop, sans compter qu'après ce genre d'événements, une bonne douche, c'est toujours le plus agréable.


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  • Celui qui tape au hasard sur son clavier est un individu qui enlève progressivement le bandeau lui recouvrant les yeux, et ainsi, apercevant tous les chemins possibles. Et, progressivement, il s'avance sur l'une de ces voies. Parfois, quand il réalise que l'un de ces chemins ne lui plaît pas, il sort des sentiers battus pour rejoindre un autre chemin qui lui correspond plus.

    J'ai envie d'essayer d'emprunter des petits chemins de pas grand-chose. J'ai encore ce bandeau sur les yeux : je sais que je marche, mais si j'avance, c'est à l'aveuglette.

    Je suis fasciné par l'amour et l'engagement que cela implique. Le jour venu, je me demande comment est-ce que j'arriverai à partager mon temps entre solitude nécessaire, et partage avec l'autre tout aussi nécessaire. Ce sera surement facile. Après tout, si je l'aime, elle me permettra de respirer comme la solitude me permet de respirer. C'est une question de relation, d'osmose. Mais tout de même. Alors qu'il y avait une époque durant laquelle j'y pensais et le désirais constamment, aujourd'hui, c'est presque le contraire : j'ai même du mal à seulement me concevoir en couple.

    Je trouve que le monde est rempli d'images magnifiques. J'aimerai réussir à faire plus que prendre certaines de ces images en photo. Je voudrai m'entrainer à les décrire, par écrit. C'est le travail que j'essaierai de faire avec ma future nouvelle. Je sens que ce sera pendant les vacances. Encore maintenant, je vois derrière moi un éclairage magnifique à la lumière naturelle qu'il y a à sept heures du soir, sur une... merde, comme ça s'appelle? C'est pas une pelote, la pelote est ronde... De toutes façons, la lumière n'est déjà plus la même. Mais voilà, j'adore ça. M'extasier devant ce spectacle permanent de ces éclairages ordinaires mais magnifiques, devant ces cadrages à faire tout à fait superbes, devant ces scènes, cette disposition des personnes, ces expressions des corps et des visages qui mériteraient qu'on arrête le temps... Tiens, j'adorerai pouvoir faire comme dans Cashback.

    Je suis contemplatif, et j'aime l'être. Je regarde encore derrière moi. Sous la table, une paire de bottes, debout, mais le haut d'une des deux bottes (comment ça s'appelle, le bout d'une botte ??) est rabattue par terre, comme le serait l'oreille d'un chien; un éclairage découpé par une fenêtre hors champ met en scène les bottes dans le sens des deux chaussures, collées l'une contre l'autre. Je pourrais presque prendre mon appareil photo...

    Voilà, je viens de les prendre en photo, mais je ne trouve pas le résultat si extra.

    Vous savez, dans ce genre d'images magnifiques, j'ai un souvenir assez incroyable d'une tartine de nutella. On était en été, il y a une lumière magnifique, j'avais la tartine ployée dans ma main, et ainsi recourbée, ainsi éclairée, le nutella avait de ces reflets, mais de ces reflets... Bleu, mordorés, truc, machin... C'était MAGNIFIQUE. Ça fait des années, maintenant, mais cette image, je crois que je ne l'oublierai jamais. Hélàs, je n'avais pas d'appareil photo à l'époque.

    Une autre chose que j'aime, c'est le silence. Le silence, et la solitude. Mais l'un AVEC l'autre. Être seul dans le bruit et la fureur du lycée, ce n'est pas cool. Mais arriver chez moi, m'apercevoir que seul Chalomé qui fait miaou miaou est là pour m'accueillir, enlever mes chaussures, monter en vitesse les escaliers, laisser tomber mon sac à dos, gesticuler pour faire tomber aussi mon manteau, entrer à l'intérieur des toilettes, baisser le plus calmement possible ma braguette et, ENFIN, me LAISSER évacuer cette terrible charge, me DÉLIVRER de cette effroyable retenue, durant le temps qu'il faut, déjà, déjà ça se savoure; mais ensuite, alors que ma vessie se tient enfin tranquille, que je m'assoie contre mon bureau, que le chat s'assoie sur mes cuisses; savourer cet instant de rien-faire, de tranquillité, et écouter le silence, après le lycée, c'est véritablement un vrai bonheur. (edit : oui, c'est redondant, n'est-ce pas ? Pourtant, je  n'ose ni supprimer "véritablement", ni "vrai"...)

    J'aime aussi profiter de la solitude de mon petir logis pour m'accorder une liberté totale : quitter absolument toute retenue, me laisser emplir d'énergie, et la recracher avec une joie et une sensation infinie d'être vivant et dans l'action et dans son corps tout entier, en chantant, criant, beat-boxant, dansant, jouant des percussions sur tout ce que je touche, tout-cela-tout-à-fait-mal-mais-puisque-je-suis-seul... c'est également une certaine idée du bonheur.

    J'aime aussi profondément quand je peux profiter de mon C.D.I dans le calme. Mon Dieu, si seulement je pouvais y aller plus souvent... Mais, voilà... Je ne suis en général pas seul, et donc pas libre. Mais, lorsque je vais au C.D.I... Tous ces magazines, je vous le dis, tous ces magazines ! Rien que dans UN numéro de Beaux-arts magazine, je découvre Keith Harring et Louise Bourgeois, j'en apprends un peu plus sur Vlaminck, sur l'art pictural contemporain...

    Et tous ces autres numéros d'autres magazines, dont j'aimerai tant trouver le temps pour les lire... Je me demande si ce numéro de Lire, sur la littérature juive, pourrait m'intéresser : je pense que oui, car je m'étais l'année dernière passionner pour leur numéro sur la littérature indienne... Tiens, d'ailleurs, je n'ai toujours pas lu Tagore. Il faudra que je le lise, un jour.

    Je suis sûr qu'à quarante ans, je n'aurais toujours pas commencé à véritablement attiser (et satisfaire) ma curiosité pour William Blake.

    Il y a tellement de choses. Tellement de choses à écrire, à prendre en photo, à dessiner, à lire, à découvrir, à apprendre... C'est impressionnant.



    Bon. Vendredi prochain, soit le 18 Avril, j'ai mon entretien pour la Classe d'Approfondissement en Arts Plastiques à Fontenay-sous-bois. Je devrai amener des travaux originaux. Ça me fait complètement flipper. J'ai terriblement peur de ne pas être admis. J'ai la motivation et tout et tout, mais je ne sais pas si mes travaux seront franchement intéressants... D'ailleurs, vous ne pouvez même pas essayer de me rassurer : la plupart d'entre vous ne les connaissent pas, mes travaux originaux. C'est vraiment horrible, j'ai vraiment peur.

    Il faut que j'aille réviser ma philo. Demain, j'ai une explication sur table.


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